Le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, vient de déclarer être optimiste. Par rapport à quoi ? La réforme de la justice ou son indépendance ? La lutte contre la corruption des magistrats, la dépénalisation des procès de presse ? L'arrêt des poursuites contre les harraga ou l'abolition de la peine de mort ? Non, le ministre parlait de l'extradition de Abdelmoumène Khalifa, dont le jugement vient encore une fois d'être reporté. Mais il a confiance, la semaine prochaine, la justice anglaise devrait statuer et peut-être renvoyer l'ex-milliardaire chez lui. A l'entendre, le ministre de la Justice se féliciterait, après de longues années, du retour de l'ex-milliardaire en Algérie, celui-là même qui a arrosé ministres, walis et frères, corrompu la moitié du régime pour que finalement, quelques lampistes soient condamnés en même temps que lui, lors d'un procès organisé par Tayeb Belaïz lui-même en 2007. Pourtant, il faut se rappeler que Tayeb Belaïz déclarait en juillet 2007, à l'issue du procès Khalifa, que « ce qui a été jugé à Blida n'est qu'une partie de l'affaire et que l'enquête se poursuit toujours », affirmant avec force que « les enquêtes et les procès qui en découleront iront jusqu'au bout ». Bien sûr, il n'y a pas eu de suite, ni enquêtes ni procès complémentaires, l'affaire a été enterrée dans un charnier comme un vulgaire disparu et les dossiers brûlés par le liquidateur Badsi. D'ailleurs, à la même époque et pour se défendre, Abdelmoumène Khalifa accusait ouvertement « Tayeb Belaïz et l'un des hommes forts du président d'avoir escamoté le dossier de l'agence de Koléa parce que le ministre de la Justice y avait un compte ». Pas de suite non plus ici, mais finalement, qui a vraiment intérêt à ce que Khalifa rentre dans son pays et aille en prison ? Personne, à part les amateurs de révélations. C'est-à-dire des personnes qui ne font pas partie du secteur de la justice.