La contestation des résultats de l'élection présidentielle en Iran ne faiblit pas, une semaine après l'annonce de la victoire controversée de Mahmoud Ahmadinejad. Mir Hussein Moussavi, le candidat malheureux soutenu par l'Occident, a appelé hier à faire de ce jeudi une journée de deuil national, de rassemblements dans les mosquées et de marches aux quatre coins de l'Iran. Moussavi demande « au peuple iranien à se rassembler dans les mosquées et tenir des marches pacifiques pour consoler les familles des martyrs et les blessés dans les récents événements », pouvait-on lire sur le site internet du candidat dit « modéré ». Moussavi entend, via ces actions, rendre hommage aux sept manifestants tués lundi dernier, lors d'une manifestation qui avait rassemblé près d'un million de partisans. Si la protesta a baissé quelque peu d'intensité ces deniers jours suite aux appels au calme lancé par Moussavi pour éviter des dérapages sanglants, la revendication reste plus que jamais la même : l'annulation des résultats du scrutin. Hier encore, Moussavi a exigé des gardiens de la Constitution de prononcer ce verdict. Il est donc difficile d'imaginer jusqu'où pourrait aller ce mouvement qui suscite la sympathie du monde entier au point d'oublier que le candidat du camp réformateur est, lui aussi, un enfant légitime de la Révolution islamique et le protégé de Layât Allah Khomeiny. Seul Barack Obama s'est permis un commentaire à rebrousse-poil en affirmant : « Il n'y a pas une grosse différence entre Ahmadinejad et Moussavi ! ». Obama n'a pas le choix En Europe par contre, certains n'hésitent pas à saluer le « printemps » de Téhéran et Sarkozy est carrément parti en guerre contre le régime iranien duquel il exige une enquête impartiale sur le scrutin présidentiel. Mais la réaction des gardiens du temple ne s'est pas fait attendre : les autorités ont accusé des médias étrangers d'être les « porte-parole » des « émeutiers » et ont protesté auprès d'ambassadeurs contre ce qu'elles ont qualifié de « complots » des ennemis de l'Iran. Entretemps, une vague d'arrestations a ciblé des journalistes, des intellectuels, des universitaires et des politiciens qui soutiennent Moussavi, dont certains ont été « cueillis » chez eux. Le ministre des Renseignements, Gholam Hossein Mohseni Ejeie, avait annoncé mardi l'arrestation de 26 « cerveaux » responsables des « troubles ». Dans ce climat de « chasse aux sorcières », les supporters s'étaient donné rendez-vous, hier après-midi, sur la place Haft-é Tir et Enqlab, l'une des principales du centre de Téhéran, malgré l'interdiction par les autorités de tenir des manifestations. La marche « silencieuse », s'est déroulée dans le calme et à l'abri des journalistes étrangers, non autorisés à sa couverture. Le camp Moussavi tient manifestement à garder la pression sur les autorités avant la décision du Conseil des gardiens de la Constitution qui doit se prononcer « au plus tard dimanche », sur un avis sur un recomptage ou pas des voix. De son côté, sûr de lui, Ahmadinejad expliquait hier que sa réélection « était la preuve de la confiance du peuple ». C'est peut-être un avant-goût du verdict des gardiens de la Constitution. Il faudra tout de même attendre la journée de deuil d'aujourd'hui pour jauger la capacité des réformateurs et de tous ceux qui souhaitent un changement de régime en Iran à résister face aux coups de boutoir du régime de Khamenei.