«La disparition du président Bongo ne change rien aux poursuites en cours car plusieurs membres de sa famille sont également visés par nos plaintes», a assuré William Bourdon, avocat de l'ONG Transparency international France (TI). «L'enquête de police a montré que les détournements de fonds sont imputables à une entreprise familiale», a-t-il ajouté. Après un long parcours d'obstacles, une juge française a estimé, début mai, et pour la première fois, que la plainte de l'ONG pour «recels de détournement de fonds publics» contre M. Bongo, mais aussi les présidents Denis Sassou Nguesso (Congo) et Teodoro Obiang Nguema (Guinée équatoriale) et leur entourage, était recevable. Cette décision a ouvert la voie à une possible enquête judiciaire sur les conditions d'acquisition de l'important patrimoine acquis en France par les trois chefs d'Etat africains. D'après l'ONG, le patrimoine immobilier s'élèverait à 160 millions d'euros et aurait été acquis avec de l'argent public détourné. Le parquet de Paris, opposé à la décision de la magistrate, a saisi la cour d'appel qui doit encore dire si la justice peut ou non enquêter. Deux premières plaintes de TI, en 2007 et 2008, avaient été classées sans suite par le parquet qui, sans se prononcer sur le fond, ne reconnaissait pas à l'ONG la légitimité de se pourvoir en justice dans ce dossier. Si les chefs d'Etat cités bénéficient d'une «inviolabilité et d'une immunité de juridiction pénale absolue», les membres de leur famille ne bénéficient pas de cette immunité à l'étranger sauf «s'ils accomplissent pour le compte de l'Etat étranger une mission officielle», souligne le ministère des Affaires étrangères. Une dizaine de membres de la famille Bongo ont été cités en 2007 comme étant les détenteurs de comptes bancaires et/ou des propriétés en France dans un rapport d'enquête de police. Selon les enquêteurs, Omar Bongo détenait personnellement en France onze comptes bancaires à Nice (sud) et Paris et une dizaine de propriétés «dans des quartiers à forte valeur marchande». Parmi ses proches, Pascaline Bongo, sa fille et directrice de cabinet, est épinglée pour le financement «pour le moins atypique», selon les policiers, d'une Mercedes R350L, payée par trois chèques, dont l'un déposé par un avocat français de Bongo et un autre réglé par la Paierie du Gabon en France. Un de ses fils, Jeff Bongo, détiendrait, pour sa part, huit comptes bancaires et huit biens immobiliers.