Il s'agit des chefs d'Etat congolais, Denis Sassou Nguesso, gabonais, Omar Bongo Ondimba, et équato-guinéen, Teodoro Obiang. Dans une ordonnance de recevabilité partielle, la juge Françoise Desset a estimé que la plainte avec constitution de partie civile déposée par l'association Transparence international France (TI), spécialisée dans la lutte contre la corruption, était recevable, l'association ayant, selon son analyse, juridiquement un intérêt à agir. Déposée le 2 décembre, cette plainte avec constitution de partie civile concerne les chefs d'Etat accusés de recel, de détournement de fonds publics, blanchiment, abus de bien social, abus de confiance et complicité. Elle vise « les conditions dans lesquelles un très important patrimoine immobilier et mobilier a été acquis en France par Denis Sassou Nguesso, Omar Bongo Ondimba et Teodoro Obiang ainsi que des membres de leur entourage », affirmait l'organisation non gouvernementale dans un communiqué, le 2 décembre. La magistrate a, en revanche, rejeté la constitution de partie civile d'un ressortissant gabonais, qui avait également porté plainte dans ce même dossier. L'ordonnance rendue par la magistrate ouvre la voie à une enquête judiciaire. Le parquet de Paris, qui s'était prononcé contre l'ouverture d'une information judiciaire, dispose désormais de cinq jours pour faire appel. Les deux principales cibles de la plainte sont M. Bongo, au pouvoir depuis quarante ans, et M. Sassou Nguesso, propriétaires de nombreux biens immobiliers de luxe, selon les plaignants. Leurs familles sont également ciblées, liées entre elles par le mariage de M. Bongo avec Edita, fille de Denis Sassou Nguesso, décédée le 14 mars au Maroc. Pour M. Bongo et sa famille, la plainte évoque la propriété d'un hôtel particulier et de quatre appartements, tous situés dans le très chic XVIe arrondissement de Paris. Sassou Nguesso posséderait un hôtel particulier de 700 m2, estimé entre 5 et 10 millions d'euros, dans les Yvelines, en région parisienne et un appartement dans le cossu VIIe arrondissement de Paris. Plusieurs biens en région parisienne sont attribués à ses proches. Leur entourage respectif disposerait également de nombreuses voitures de luxe. « Il n'y a aucun doute sur le fait que ce patrimoine n'a pu être constitué grâce aux seuls salaires et émoluments de ces chefs d'Etat, au sujet desquels il existe de sérieuses présomptions de détournements de fonds publics », explique Transparence international France. Le président Bongo « conteste absolument les détournements qu'il aurait faits, au préjudice de son pays », affirme, pour sa part, l'un de ses avocats, Me Patrick Maisonneuve.