Une majorité d'Israéliens considère que l'Administration américaine sous la présidence de Barack Obama est plus pro-palestinienne que pro-israélienne, selon un sondage publié hier par le quotidien de langue anglaise Jerusalem Post. Ce sondage montre un net revirement de l'opinion publique en Israël. Décidément, les Israéliens se singularisent par leur ingratitude. Il suffit de les rappeler à leurs obligations pour que tout change et qu'il n'est plus question d'amitié. C'est dans cette logique très manichéenne et forcément réduite qu'Israël entend enfermer jusqu'à ses alliés. Ainsi en est-il du président américain devenu pro-palestinien pour avoir dit certaines vérités, et sans aller encore dans leur concrétisation. « On est avec ou contre Israël ». On citera, entre autres, les intérêts des Etats-Unis qu'il dit menacés par la poursuite du conflit du Proche-Orient, que les situation imposée aux Palestiniens est intolérable, et qu'Israël doit revoir certaines de ses positions à l'égard de ce conflit. C'est la montée au créneau des principaux dirigeants israéliens, ce qui ne signifie pas que ceux qui se taisent pensent le contraire. Et puisque cela ne suffit pas, l'opinion publique est appelée à la rescousse. Le résultat est sans appel : une majorité d'Israéliens considère que l'Administration américaine sous la présidence de Barack Obama est plus pro-palestinienne que pro-israélienne, selon un sondage publié hier par le quotidien de langue anglaise Jerusalem Post. La moitié (50%) des personnes interrogées au sein de la population juive considèrent que « l'Administration est pro-palestinienne » contre 6% qui la considèrent « pro-israélienne » et 36% comme « neutre », le reste étant sans opinion. Ce sondage montre un net revirement de l'opinion publique en Israël par rapport aux résultats d'une enquête similaire conduite à la mi-mai, avant le discours adressé au monde musulman par le président américain depuis le Caire. Et c'est de cette manière que l'électorat israélien est conditionné. Il a toujours voté en force pour les va-t-en-guerre comme Ariel Sharon et depuis peu Benjamin Netanyahu, et celui qui est considéré comme un ultra-nationaliste, Avigdor Lieberman, une étiquette inappropriée puisque l'extrêmisme n'a pas de limite en Israël. C'est la nature même du sionisme. Ce sont toujours des versions, mais pas des faits inédits. Cela prêterait à rire, car cette même opinion a la mémoire bien courte. Avant même qu'il devienne le candidat officiel du parti démocrate pour l'élection présidentielle du 4 novembre dernier, Obama a réitéré en Israël même ce qu'est la position traditionnelle des Etats-Unis à l'égard de ce pays. Un discours bien accueilli. Mais dès qu'il s'agit d'aller vers un peu de justice, de rétablir certaines vérités, et de revoir une stratégie américaine marquée par l'échec puisqu'il est question de la changer, voilà que rien ne va. Et Barack Obama, tout autant que les principaux éléments de son Administration, a dit ce que les Israéliens ne voulaient pas entendre, voire ne l'envisageaient en aucun cas de la bouche d'un dirigeant américain, et encore que le discours se montre imprécis en ce qui concerne certaines questions relatives à l'Etat palestinien que le Président américain déclare soutenir, engageant en cela les principaux éléments de son Administration. Et quand ceux-là tiennent le même discours et le maintiennent avec insistance jusqu'à en faire une ligne de conduite, cela fait mal, ou alors devrait gêner tous ceux qui ont bâti leur stratégie sur la peur et la guerre. C'est le cas des dirigeants israéliens. A l'inverse, vient de déclarer l'ancien Premier ministre britannique devenu envoyé spécial du Quartette, ce fameux forum informel (Etats-Unis, Russie, Union européenne et ONU), obtenir un accord de paix au Proche-Orient est possible « dans l'année », à condition que toutes les parties s'engagent sans réserves à négocier. M. Tony Blair qui entame ainsi une nouvelle carrière, a déclaré qu'il y avait un « grand sentiment d'espoir et d'attente » dans la région après le récent discours du président américain Barack Obama, au Caire, sur les relations entre l'Occident et le monde islamique. « Si le président Obama obtient un partenaire adéquat du côté d'Israël mais aussi du côté palestinien, je n'ai aucun doute concernant sa détermination à parvenir à un accord », a déclaré Tony Blair. Mais « il est important de comprendre que le président Obama n'a pas besoin de sympathisants enthousiastes, il a besoin de partenaires. Il a besoin de personnes qui vont l'aider à accomplir ce qu'il désire », a-t-il noté, jugeant que le discours de dimanche du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait constitué un « pas en avant ». Voilà donc M. Blair indulgent à l'égard d'un chef qui a aligné cinq non, deux de plus et donc de trop, par rapport à sa première législature en plein milieu des années 1990. On disait alors de lui qu'il voulait la paix et les territoires, le processus de paix étant basé jusqu'à l'élection de Netanyahu en 1996 de l'échange des territoires contre la paix. Avec sa coalition, il persiste dans son attitude de refus. Comme en ce qui concerne la colonisation des territoires palestiniens. Son ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, a réitéré son opposition à un gel total de la colonisation au cours d'une conférence de presse commune avec son homologue américaine Hillary Clinton dans le cadre solennel du Département d'Etat. Une attitude de défi et rien d'autre envers l'Administration américaine et de Mme Clinton qui réitérait, quant à elle, la position des Etats-Unis. « Nous voulons que la colonisation s'arrête », a-t-elle déclaré. « Nous pensons que c'est une part importante, et même essentielle, d'efforts destinés à parvenir à un accord de paix global et à la création d'un Etat palestinien voisin d'un Etat juif israélien aux frontières et à l'avenir sûrs ». Quelles frontières ? Cela est une autre question.