« Antinea Radio » va émettre sur une fréquence numérique à Paris et Marseille à compter du 1er janvier 2010. Telle est la décision rendue par le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel), le 26 mai, à l'issue de laborieuses négociations qui ont laissé en chemin de nombreux appelés car il y a eu peu d'élus (7 sur 120), dont « Antinea Radio », projet piloté par BRTV, son dynamique président Mohamed Saâdi et ses proches collaborateurs. C'est en hommage à la princesse berbère Tin-Hinan qui vécut à la frontière de l'Afrique du Nord et de l'Afrique subsaharienne que l'appellation « Antinea » a été choisie. Elle se donne pour objectif de développer « les sons de la diversité ». Autrement dit, si elle ciblera tout naturellement les Berbères et Franco-Berbères de France, elle s'adressera à un public plus large qui englobera, en particulier, les Africains devenus très nombreux et dont les cultures ont eu à se métisser au cours de l'histoire, du Maroc à l'Egypte en passant par le Mali, le Niger ou le Burkina Faso. De plus -et on l'a observé récemment au Zénith lors de l'hommage à Kamel Hammadi- nombre de « Gaulois » sont attachés à la musique sinon à la culture algérienne. Il suffit de se rendre aux concerts donnés par Idir ou Rachid Taha pour constater combien les Français s'habituent au métissage, la musique étant l'exemple le plus probant des mélanges Nord-Sud. « Antinea » ne sera pas qu'une radio communautaire, elle a l'ambition d'être une antenne généraliste et on ne peut que saliver à l'avance à l'idée des perspectives offertes par un média ouvert à l'ensemble des cultures dès lors qu'elles sont dans le cousinage. On se prend aussi à rêver au rôle qu'elle pourrait remplir auprès des jeunes générations en mal de transmission, en utilisant les archives radiophoniques de « Radio-Alger » par exemple, et faire revivre les voix et les sons d'un passé riche et dynamique depuis Mahieddine Bachtarzi jusqu'à Slimane Azem ou les frères Hilmi en passant par Cheikh Nourredine qui ont accompagné des années durant les veillées de plusieurs générations des années 40 aux années 80… Le financement proviendra de la publicité, et, selon ses décideurs, « Antinea » devrait drainer des annonceurs, s'agissant d'une radio au fort potentiel qui, dans l'avenir, couvrira également Lille, Lyon, Rouen, Mulhouse et Le Havre ainsi, nous l'espérons, que l'autre rive de la Méditerranée.