La compagnie culturelle El Fouara a présenté, mercredi, l'avant-première de sa nouvelle pièce « Yajrah wi dawi ». L'œuvre de Mourad Bencheikh est une pièce retraçant les innombrables drames (meurtres, exil et état de siège) qui se sont abattus sur le pays, une décennie durant. La mise en scène de Lamri Beddar a, le moins que l'on puisse dire, donné une autre dimension à la pièce, tenant en haleine les invités du théâtre municipal, lequel renoue avec sa vocation première. Le rôle de Sadek, personnage central, incarnant la sagesse et la bravoure d'un citoyen qui lutte contre les forces du mal, est superbement interprété par Faiçal Guergour. En se mettant dans la peau d'un personnage au passé douteux, un certain Boussalem, le comédien Saddak Khalef a réellement incarné le sinistre personnage à l'origine d'incommensurables drames et autres deuils. En jouant le rôle du résistant ayant défendu corps et âme la République, Chenane Zahir, alias Larbi, s'est acquitté, de fort belle manière, de sa mission. Le sujet qui interpelle les consciences, appelant à faire face aux différentes formes de violence qui mettent en péril la société, a été bien perçu par une assistance qui réalise que la lutte contre ce fléau est l'affaire de tous, sachant que le destin de l'individu est, qu'on le veuille ou non, imbriqué dans la destinée collective. Il faut dire aussi que les initiés, ainsi que les observateurs présents, ont donné leur quitus à « Yajrah wi dawi », l'autre œuvre de la compagnie, ayant à son actif plusieurs pièces, « Parasite » « Caravanes et carnaval », « Les frères ennemis » et « Khaoua ou adaoua », récompensées dans de nombreux festivals, aussi bien en Algérie ou à l'étranger, notamment au Maroc, en Tunisie et en France. D'autre part, deux éléments de la coopérative précitée se sont rapprochés de nos bureaux pour parler de certaines entraves. « Figurez-vous que nous avons donné plus 15 spectacles sans encaisser le moindre centime. Nos différentes rencontres avec le directeur de la culture n'ont pas été fructueuses », diront nos interlocuteurs, qui n'ont pas manqué d'égratigner, au passage, le commissaire des semaines culturelles : « Tout le monde est invité, sauf notre coopérative qui s'explique mal la manière de faire de ceux chargés d'un tel dossier qui excellent dans les deux poids et deux mesures. » Nos interlocuteurs enfoncent le clou en mettant sur le tapis la question de leurs deux productions « plagiées » par un comédien de la ville : « Nos nombreuses correspondances à travers lesquelles nous dénonçons le comportement d'un comédien qui interprète un one man show, propriété de la coopérative, n'ont malheureusement trouvé aucun écho favorable. Mieux encore, certains organisateurs de spectacles ferment les yeux sur une telle pratique. » Pour connaître l'autre son de cloche, nous avons contacté le directeur de la culture, qui dira de son côté : « L'institution que je dirige a de tout temps tenu ses engagements. C'est le retard pris par les subventions qui est à l'origine de ce problème, lequel n'est pas propre à cette coopérative qui sera, à l'instar des autres, régularisée. » Abondant dans le même sens, le commissaire des semaines culturelles dira : « La marginalisation des artistes n'est pas notre tasse de thé. »