Ils représentent à eux deux, l'histoire, la quintessence, les racines et les "airs" du raï. Ce sont Bouteldja Belkacem et Boutaïba Seghir, les cheikhs de la musique raï. Aussi, ont-ils offert un concert exceptionnel de toute beauté et empli de générosité. Bouteldja Belkacem, l'enfant terrible d'El Hamri (quartier populaire d'Oran ayant engendré de grands noms dans la musique oranaise, le raï, le football…) et Boutaïba Seghir de son vrai nom, Hefif Mohamed, l'enfant de la balle de Témouchent, patrie aussi d'un autre pionnier du raï, Messaoud Bellemou,( l'homme à la trompette d'or,. malheureusement ayant brillé par son absence) Belkacem Bouteldja demeure celui qui a fait vaciller le trône de la reine du raï rural, cheikha Rimitti, dans les années 1960, alors à peine âgé de 13 ans.C'était le 11 décembre 1965. Il avait à peine 13 ans. Il avait sorti alors son tout premier 45 tours, Guetlek Zizia. Une reprise de cheikha El Wachma El Temouchentia. "J'ai bousculé mes aînés,.comme El Wachma..Avec le titre Gatlek Zizia,.j'avais mis fin au règne de Rimitti (Allah yarhamha), cheikha Habiba, cheikha El Wachma, Hakoum, Kaifouh de Témouchent.J'avais déstabilisé le marché du disque de l'époque." rappelle Belkacem Bouteldja. Un concert conçu et arrangé par Djamel Laroussi, le guitariste, chanteur et instrumentiste au talent avéré. Du coup, ces deux petits "vieux" mais jurant avec la gérontologie car toujours bon pied bon oeil et verts-c'est que les papys font de la résistance-nous rappelleront l'atmosphère magique du Buena Vista Social Club, la fameuse rencontre de salsa cubaine réunissant Compay Segundo, Eliades Ochoa, Ibrahim Ferrer ou encore Omara Portuondo immortalisée par le guitariste Ry Cooder et sous le regard designer filmique de Wim Wenders. Ainsi, Bouteldja Belkacem et Boutaïba Seghir évolueront en alternance. Tantôt en duo chic et choc tantôt en solo. Bouteldja Belkcem chantera Sid El Hakem de Cheikha El Wachma de Témouchent, Lahaoulouni et Zerga Ou Mesrara(Brune et gracieuse) en duo avec son ami de plus de 30 ans (initialement Zerga Ou Mesrara était un tandem Bouteldja Bellemou). Boutaïba Seghir, interprétera son célèbre titre de raï rebelle des années 1970, Raba Raba, déjà emprunté par Khaled sur l'album Kenza (1999) et des titres de son nouvel album éponyme Boutaïba Seghir produit et arrangé sous la direction orchestrale de son fils spirituel Djamel Laroussi-sorti il y a trois mois en Algérie chez le label Dounia- tels que Kanet Hakma, Kahla Aïn, M'chit Nakhtob, Meziana ou encore Hak Kachek déjà immortalisé par cheikha Rimitti. Du raï soft (pas du tout hardcore) mêlant aloui, pop, indy et dance. Ce qui est sidérant, Boutaïba Seghir et Bouteldja Belkacem demeurent et restent ces "chebs-cheikhs" ayant du coffre…fort! Leur voix est là, intacte, sonnante et résonnante! Un moment fort et très émouvant pour ne pas dire attendrissant ! Cependant, un récital en semi-recording (du direct soutenu par une bande sonore préenregistrée). D'ailleurs la voix off de Djamel Laroussi "trahissait" Boutaïba Seghir. Quant au passage de Djamel Laroussi sur scène, tardivement,il sera une performance de très bonne facture. Djamel Laroussi au mieux de sa forme…olympique. On découvrira une sorte de David Lee Roth (Van Halen) algérien qui fait du "jump"(saut), qui slame, qui danse, qui gratte bien les six cordes, qui bouge bien, qui met de l'ambiance. Bref, un "fou chantant".Laâfou, N'kodo, Nadim, Kifach Hilti, Bambara ou encore Aho. Une playlist aux couleurs afro, jazz, gnaoui, electro, chaâbi, assimi, pop et rythmes des Antilles.Laâfou fut un hymne à l'Afrique et en version zouk. Pas mal!Le finish fut avec son succès Etoile filante( Ah ya dellali) appelé sympathiquement Djillal par sles fans Bouteldja, Boutaïba et Laroussi ont été gratifiés d'un…présent(e). Une groupie inattendue. Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture s'étant éclatée et sur leur musique! C'est que ça bouge au ministère de la Culture!