Après une année de travail, le réalisateur-photographe Yann Arthus-Bertrand sort son film Home, montrant la planète en détresse. Cette œuvre de sensibilisation (certains disent de propagande) met l'écologie au cœur de l'actualité. Des panoramas des cinq continents défilent depuis le ciel, déclinant des images poignantes qui convoquent les consciences pour prendre à bras-le-corps notre environnement qu'on a modifié, selon les spécialistes, « en 50 ans plus rapidement que pendant l'histoire de l'humanité ». Les scientifiques avancent que nous disposons de dix ans pour changer nos modes de vie, éviter d'épuiser les ressources naturelles et empêcher une évolution catastrophique du climat de notre « maison », la Terre. Une évidence qui donne froid au dos. Une certitude qui donne le haut-le-corps. Une vérité que les écologiques assènent à coups d'arguments scientifiques. Cela ne met pas pour autant les pays émergents à l'abri de la dégradation de notre environnement mis à mal par des enjeux économiques et de confort mal assumés par les pays industrialisés dont certains se contentent d'acheter des quotas de pollution des pays pauvres. Bien que nous soyons relativement responsables, nous sommes devant le fait accompli. Cela ne nous dédouane guère pour mettre la main à la pâte. Nous partageons la belle Méditerranée avec nos voisins de la même rive comme ceux d'en face. Nous avons de belles étendues sahariennes avec leurs ressources fossiles et leurs nappes albiennes. Nous avons les fécondes terres steppiques. Nous avons l'opportunité d'exploiter à l'envi l'énergie solaire. Nous avons aussi des textes consacrés à la transgression des pollueurs industriels… Mais lorsque je pense à ces potiches de mercure qui somnolent dans les eaux du port d'Alger depuis les années 1970. Lorsque je pense que nous produisons 11 millions de tonnes de déchets ménagers annuellement dont à peine le 1/10e est recyclé. Lorsque je lis que nous avons pas moins de 15 000 tonnes de produits phytosanitaires et produits pharmaceutiques périmés et stockés dans 500 sites éparpillés dans la nature. Lorsque je constate que nous n'avons pas d'incinérateurs ni de moyens techniques modernes pour éradiquer les déchets spéciaux dont les PCB qui ne sont plus en usage sous d'autres cieux. Lorsque je vois d'indélicats manufacturiers s'atteler à la fabrication du sachet noir en plastique sans être inquiétés… Lorsque je vois le geste anti citoyen de ce bougre balancer honteusement un pot de Danone vide par la vitre de son 4x4… Là, je croise les bras. Je ne sais plus quoi dire ni quel écogeste adopter.