En effet, hormis la maison de la culture Rachid Mimouni, la population de cette région n'a eu droit à aucun lieu de distraction et d'échappatoire face à la monotonie, voire l'angoisse qui y prévaut à longueur d'année. Expliquant cette situation, Slimane Aït Gacem, artiste, metteur en scène et animateur de théâtre soutient que cette réalité est le résultat de la mauvaise gestion de tout ce qui est culturel dans notre pays. «L'artiste est marginalisé et ne trouve plus où se plaindre pour résoudre ses problèmes. Or celui-ci est la cheville ouvrière de tout travail artistique», indique-t-il en notant que la plupart des artistes se trouvent au chômage tandis que d'autres ont changé d'activité. «C'est pourquoi on parle d'une crise de texte dans le domaine théâtral par exemple», argue-t-il. Parlant de la maison de la culture Rachid Mimouni, notre interlocuteur précise que cette dernière n'a formé aucun comédien ces dernières années et ne dispose d'aucune troupe théâtrale, ni pour enfants, ni pour adultes, et ce, malgré l'existence de moyens et de matériels nécessaires. Ce qui a poussé, selon lui, le public à déserter l'établissement. Par ailleurs, notons que la plupart des établissements culturels existant au niveau des communes de la wilaya de Boumerdès sont fermés et abandonnés. Pour s'en rendre compte, il suffit de visiter les salles de cinéma construites par les autorités coloniales. Comble de l'ironie, celles-ci se trouvent toutes dans un état lamentable, faute de leur réhabilitation par les responsables qui se sont succédé à la tête de la direction locale de la culture. De la salle Afrique des Issers, à celle de Kemis El Khechna en passant par le complexe culturel de Dellys et les salles de spectacles de Bordj Menaïel, la quasi-totalité des établissements culturels de la wilaya sont paralysés et n'abritent rien de culturel. La salle de théâtre Afrique des Issers, réputée pour être l'une des plus importantes de toute la région (800 places) n'est toujours pas ouverte au public. Inauguré en 1930, à l'occasion du centenaire du colonialisme français en Algérie, ce joyeux architectural symbolisait autrefois l'art cinématographique dans toute la région. Les travaux de restauration qui y ont été menés ont trop duré et n'ont pas été conformes avec les textes régissant la restauration de ce genre d'édifices, a-t-on constaté sur place. A celle-ci, l'on peut ajouter celle de Baghlia qui reste toujours fermée en dépit de sa réhabilitation et celle de la commune de Khemis El Khechna qui est à l'état de ruine. Cette dernière a été démolie après les dégâts qu'elle avait connus suite au séisme de 2003, sans qu'aucun projet de sa reconstruction ne soit inscrit. Interrogé, un responsable local nous dira que le terrain est réservé pour l'implantation d'une bibliothèque et d'une crèche communale. Mais rien n'est entamé pour l'instant. Dans la commune de Dellys, le complexe culturel devant être l'épicentre de toute activité artistique dans la région fût transformé en unité de la Protection civile…