Dimanche dernier, une véritable bataille rangée a opposé les membres des deux tribus. D'après le jeune H., habitant d'El Eulma, chacune des familles affirme avoir un droit de possession sur une parcelle de terre agricole. «Aucune des familles ne peut prouver que ce terrain est à elle, il est le bien de l'Etat», déclare-t-il. Mais autour de lui, les avis sont moins tranchés. Ainsi, dans les marchés de la ville, on parle beaucoup de «trafic» et de «fausse attestation », sans aucune preuve à l'appui. Les ragots vont bon train et tous sont persuadés qu'il y a quelque chose de louche et qu'une troisième bataille aura bientôt lieu. Les enfants, surexcités, en parlent comme d'un film d'action. «Dimanche dernier, raconte H., il a fallu que les gendarmes interviennent lorsque les deux familles se sont affrontées. On se serait cru dans un film. Une vendetta à l'algérienne ! Ils avaient avec eux des barres de fer, des couteaux et même des pioches ! Regardez le résultat : un homme est mort et plusieurs autres sont blessés. Tout ça pour un peu de terre. Les gens sont devenus fous.» Un vieil habitant a fustigé quant à lui le tracé administratif : «On n'utilise presque plus le terme de arouch et on ne prend pas en compte qu'on a parfois affaire à de vieilles tribus qui ont un profond instinct de propriété. Leur terre est pour eux aussi importante qu'un membre de la famille. Si aujourd'hui les deux familles sont persuadées toutes deux que cette parcelle leur appartient, c'est peut-être qu'elle a dû leur appartenir à un moment ou à un autre. Il faut se pencher sur l'histoire des arouch si on veut éviter d'autres drames comme celui-ci.» En attendant, les habitants de la localité de Mechta Lehraoula vivent avec la crainte d'une recrudescence des violences.