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« Je viens d'un pays où la répression vient sauver ce que l'autoritarisme ne parvient plus à imposer »
Hocine Aït Ahmed. Leader du Front des forces socialistes (FFS)
Publié dans El Watan le 26 - 06 - 2009

« Je suis là parce que l'Iran a pour moi une résonance particulière. Il s'agit d'une lutte pour la liberté dans le cadre d'une société islamique. Or, quel que soit le poids très lourd des préjugés et des calculs politiques qui voudraient que cette liberté soit un concept exclusivement occidental, la liberté est bien une valeur universelle.
Ce qui se joue aujourd'hui en Iran, dans cette République islamique née d'une conception religieuse contre la tyrannie, est un problème universel qui se pose à une société particulière à un moment particulier de son histoire. Aujourd'hui en Iran, une partie importante de la population, du clergé et de l'establishment politique et religieux expriment un désir très fort de réforme et d'ouverture à l'intérieur du cadre de la révolution islamique. Vouloir réduire ce combat à une instrumentalisation à visée néo-colonialiste, néo-impérialiste est pire qu'un mensonge, pire qu'une imposture : c'est un déni de la réalité. Nous avons l'habitude de ce déni, nous peuple du « Sud ». Ce déni est le mode de gestion des régimes qui affirment tirer leur légitimité des peuples et les représenter mais qui lancent leurs milices contre ces mêmes peuples dès que souffle le moindre vent de liberté. Nous vivons aujourd'hui une époque bien curieuse. D'un côté, les colonialistes sont de retour et revendiquent sans vergogne les « bienfaits de la colonisation ». Face à eux, des pouvoirs corrompus et illégitimes font dans la surenchère nationaliste tout en remettant au goût du jour les pires méthodes coloniales. Si l'Iran a une résonance particulière pour moi, c'est que je viens d'un pays, l'Algérie, où un coup d'Etat a suivi l'autre, où les promesses de la Révolution n'ont jamais été tenues, où les urnes servent à légitimer les tenants du pouvoir et à être bourrées quand le peuple se lasse ou s'insurge contre des dirigeants iniques. Je viens d'un pays où la répression vient sauver ce que l'autoritarisme ne parvient plus à imposer. Aujourd'hui, nous devons être réalistes face à la situation qui prévaut à Téhéran. N'oublions pas le précédent algérien d'Octobre 1988, où des centaines de milliers de gens, exclus et désespérés, avaient déferlé dans les rues de mon pays en scandant : « Nous sommes des hommes, nous sommes des hommes. » Comment anticiper et empêcher une répression qui s'annonce implacable ? C'est aux Iraniens de nous dire ce qu'ils attendent de nous. Ne nous laissons pas culpabiliser par des rodomontades nationalistes qui sont l'arme favorite de tous les nationalistes. Nous devons, nous, peuples du Sud, donner à cette quête de liberté les contours qui nous permettent de ne pas renier notre histoire et de concilier notre socle culturel avec les valeurs universelles. C'est là notre défi. Et c'est aussi ce qui se joue à Téhéran. »

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