Toutes les études régulièrement entreprises par les services de la santé mettent en relief la tendance haussière des maladies liées au cancer à travers le pays. La wilaya de Tizi Ouzou est considérée comme l'une des régions les plus touchées, puisqu'on y enregistre entre 1200 et 1500 nouveaux cas chaque année, avec un taux de mortalité intolérable. C'est ce qu'a révélé le wali de Tizi Ouzou, Abdelhakim Chater. Intervenant lors de la journée d'information sur le cancer, organisée à Ath Douala par l'association El Fedjr d'aide aux personnes atteintes par cette pathologie du siècle, il a estimé que cette maladie lourde constitue une conséquence de la double transition épidémiologique et démographique couplée au développement socioéconomique, qui a entraîné une profonde mutation des modes de vie et des habitudes alimentaires de nos populations. «Le cancer de la prostate, thème choisi pour cette rencontre, constitue le troisième type de cancer chez l'homme, avec une incidence dans notre wilaya de 100 nouveaux cas par an, il vient après ceux des poumons et du côlon», a fait savoir M. Chater. S'agissant d'un fléau en passe de devenir un problème de santé publique, l'Etat s'est résolument engagé à infléchir sa courbe ascensionnelle, voire à l'endiguer à terme, selon lui. «La problématique majeure posée par cette maladie a suscité une réaction au niveau de l'Etat, puisque Son Excellence le président de la République, qui a déclaré le cancer problème majeur de santé publique, a érigé la lutte contre cette pathologie en priorité nationale. L'appui de sa haute autorité a permis de créer un grand élan de mobilisation qui a atteint un niveau très appréciable». Pour l'argumentaire, le wali de Tizi Ouzou a indiqué : «Cette volonté politique réaffirmée au plus haut niveau de l'Etat se traduit aujourd'hui par la mise en œuvre d'un Plan national cancer, qui s'intègre au programme du gouvernement pour la période 2015/2019.» Dans ce même registre, M. Chater a fait remarquer que ce plan, placé sous la haute autorité du professeur Messaoud Zitouni, dont il a salué la mobilisation et l'engagement, a bénéficié de ressources énormes pour la réalisation de 15 centres de lutte contre le cancer, répartis à travers le pays. Dans le cadre de ce programme, la wilaya de Tizi Ouzou est dotée d'un centre de diagnostic et de traitement du cancer en cours de réalisation à Drâa Ben Khedda, pour une capacité de 140 lits, a rappelé le même intervenant. «Ce projet structurant, qui sera mis en service au terme du 1er trimestre 2019, constituera une réponse adaptée à une prise en charge thérapeutique homogène de cette affection et à un traitement de radiothérapie. Pourvu de trois accélérateurs linéaires, le centre de Draâ Ben Khedda constituera aussi une approche idoine dans l'intégralité de la prise en charge des patients souffrant de cette maladie», a annoncé Abdelhakim Chater. «La mise en exploitation de ce centre, pourvu d'équipements techniques de dernière génération et de ressources humaines compétentes, constitue un acquis indéniable qui rendra de précieux services aux populations de la wilaya», a considéré le wali de Tizi Ouzou. Avant de conclure son propos, le premier magistrat de la wilaya a tenu à rendre un hommage appuyé et à formuler tous ses encouragements à l'association El-Fedjr, «qui fournit des efforts très louables, notamment pour la sensibilisation et l'accompagnement des malades et la prévention de la maladie. Toutes les initiatives qu'elle prend sont complémentaires de l'action de l'Etat dans la lutte contre le cancer». Il a souligné également que l'investissement du secteur privé dans le traitement du cancer est appréciable : «Notre wilaya peut être fière de la complémentarité exemplaire qui existe entre les secteurs public et privé.» Notons que plus de 7, 788 milliards de dinars ont été mobilisés par le CHU Nedir Mohamed de Tizi Ouzou entre 2006 et 2016 pour soigner les patients atteints de cancer. Ce montant a servi à l'achat de réactifs et permis d'assurer, durant cette même période, un total de 82 411 cures de chimiothérapie au profit de ces patients, pris en charge principalement au service oncologie de l'unité Belloua. Malgré les efforts consentis par l'Etat, – l'Algérie est l'un des rares pays à travers le monde qui assure la gratuité du traitement aux patients atteints de cancer –, beaucoup reste à faire pour satisfaire la demande croissante de prise en charge médicale et psychologique. Plus de 50 000 nouveaux cas de cancer par an sont attendus à partir de 2025 en Algérie, selon les prévisions avancées, en juin dernier, par le Pr Kamel Bouzid, chef du service d'oncologie du Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) et président de la Société algérienne d'oncologie médicale.