Sur leur site Internet, les talibans indiquent que «l'ambassade indienne était la cible» de leur «attaque suicide», ce qu'avaient déjà affirmé plus tôt les autorités indiennes. Le ministère de l'Intérieur afghan a annoncé, hier après-midi, un nouveau bilan : 17 morts, dont 15 civils et 2 policiers, et 63 blessés, dont 50 civils et 13 policiers. Bourbier afghan De leur côté, les talibans affirment que «des membres de haut rang de l'ambassade, 35 soldats étrangers et afghans ont été tués». Les insurgés sont connus pour exagérer les bilans de leurs attaques. Aucun ressortissant indien n'a été touché, mais 3 gardes ont été blessés, selon les autorités indiennes. L'Otan a déclaré n'avoir subi aucune perte dans l'attentat. Il s'agit du cinquième attentat suicide en deux mois à Kaboul, pourtant placée sous très haute protection. Au total, 53 personnes ont péri dans ces attaques depuis août. Le président afghan, Hamid Karzaï, a dénoncé «un acte de terreur haineux». Le représentant spécial de l'ONU en Afghanistan, Kai Eide, a «fermement condamné l'attentat suicide» d'hier, comme la France et la Commission européenne. Le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, quant à lui, s'est dit «attristé et choqué» par cet «horrible acte de terrorisme». L'explosion a creusé un grand cratère juste devant l'ambassade indienne et non loin du ministère de l'Intérieur, dans le quartier du gouvernement et des ambassades, la zone la plus protégée d'Afghanistan. L'attentat s'est produit à quelques mètres à peine de là où, le 7 juillet 2008, un kamikaze avait précipité son véhicule piégé dans l'entrée de la même ambassade et avait tué 60 personnes, l'attaque la plus meurtrière de ce type perpétrée à Kaboul. Les vitres d'une centaine de magasins ont volé en éclats et certains bâtiments étaient éventrés. Un morceau de châssis carbonisé était tout ce qui restait du véhicule du kamikaze. Plusieurs autres voitures ont été quasiment détruites et la chaussée était parsemée de débris, de morceaux de chair et de vêtements ensanglantés. Kaboul est régulièrement touchée depuis cet été par des attentats suicide. Signe de l'intensification et de l'expansion géographique de l'insurrection, malgré la présence de 100 000 soldats étrangers en Afghanistan, dont deux tiers américains. La dernière attaque remonte au 17 septembre. 10 civils et 6 soldats italiens avaient été tués quand un kamikaze avait précipité sa voiture piégée contre un convoi de l'Otan en plein centre-ville. Le 8 septembre, 3 civils avaient péri dans un attentat suicide à la voiture piégée devant l'entrée de la base aérienne de l'Otan, à l'aéroport de Kaboul. Et le 15 août, 7 civils afghans avaient été tués dans un attentat suicide à la voiture piégée devant l'entrée du QG de la force de l'Otan. Trois jours plus tard, un attentat suicide contre un convoi de l'Otan tuait 9 civils et un soldat étranger à Kaboul, à deux jours de la présidentielle du 20 août, dont les résultats ne sont toujours pas connus. Alors que les pertes civiles et militaires atteignent des records, les talibans n'entendent pas relâcher leur pression sur le pouvoir afghan, affaibli par la crise politique née du scrutin présidentiel, au cours duquel les observateurs internationaux ont signalé des fraudes à grande échelle.
