Au moins 14 personnes, dont dix militaires de l'Otan, essentiellement américains, ont été tués samedi dans un attentat suicide contre un car de la coalition à Kaboul, revendiqué par les talibans. Les talibans, dont l'insurrection ne cesse de gagner du terrain et de s'intensifier, ont multiplié récemment les attaques au sein même de la capitale, censée être placée sous haute sécurité. « L'attentat visait un car américain de l'Isaf », la force de l'Otan en Afghanistan, a confié une source militaire occidentale sous le couvert de l'anonymat, «il y a dix ou onze morts, principalement américains». Selon cette source, des soldats canadiens pourraient avoir également pris place dans le car, sans que cela puisse être confirmé dans l'immédiat. Si ce bilan est confirmé, il s'agit des plus importantes pertes subies par la coalition dans une même attaque depuis la mort de 30 militaires américains, dont 25 membres des forces spéciales, dont l'hélicoptère a été abattu mi-août dans la province du Wardak, au sud de Kaboul. Deux soldats de l'Otan ont par ailleurs été abattus dans le sud de l'Afghanistan, par un homme vêtu d'un uniforme de l'armée afghane qui a également été tué, selon l'Isaf, qui n'a précisé ni s'il s'agissait d'un authentique militaire ni les circonstances exactes de la fusillade. Le porte-parole du ministère afghan de l'Intérieur, Siddiq Siddiqi, a de son côté indiqué que trois civils et un policier afghans avaient été tués dans l'attentat, précisant ne pas disposer de bilan concernant les victimes étrangères. Le directeur de l'hôpital Istiqlal de Kaboul, Mohammad Ali Eshan, a indiqué que huit blessés afghans étaient hospitalisés. L'Isaf a confirmé qu' « un attentat suicide à la voiture piégée contre un véhicule de la coalition» avait fait «plusieurs victimes parmi les soldats de l'Isaf», ainsi que des «victimes afghanes» mais s'est refusé dans l'immédiat à communiquer un bilan précis. Un témoin, interrogé, a décrit «une énorme explosion». Celle-ci a projeté le car, apparemment blindé, dans une contre-allée, parallèle à l'artère principale - sur laquelle un cratère était visible - et séparée par un terre-plein, a-t-on constaté. Le car, renversé sur son côté droit au milieu de nombreux débris, était très fortement endommagé et largement calciné. Le cadavre d'un civil était visible non loin. Deux hélicoptères militaires américains frappés d'une croix rouge se sont atterris sur les lieux. « J'ai vu au moins dix corps de soldats étrangers être sortis du bus renversé et évacués par deux hélicoptères», a ajouté un témoin. Une dizaine de blindés de l'Isaf et deux camions de pompiers étaient déployés sur les lieux, bouclés par la police afghane et par des militaires de la coalition. Les insurgés talibans, qui combattent le gouvernement de Kaboul et ses alliés de l'Otan depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir fin 2001, ont revendiqué l'attentat par SMS. En mai 2010, un précédent attentat sur la même route de Dar-ul-Aman contre un convoi de l'Otan avait fait 18 morts, dont six soldats de la coalition parmi lesquels cinq Américains. Les talibans ont également revendiqué un attentat suicide perpétré par une femme kamikaze, devant des bureaux de l'agence afghane du renseignement (NDS) à Asadabad, capitale de la province orientale de Kunar. Deux gardes ont été blessés, selon Wasifullah Wasifi, porte-parole du gouverneur de Kunar qui a précisé que la femme kamikaze avait péri dans l'explosion. Les talibans sont très présents dans la province de Kunar, frontalière du Pakistan, accusé par Kaboul et Washington d'abriter les bases arrières des insurgés islamistes. Les attentats suicide menés par des femmes sont extrêmement rares. En juin 2010, les talibans avaient revendiqué pour la première fois publiquement un attentat commis par une kamikaze, contre une patrouille des forces afghanes et américaines, déjà dans la province de Kunar.