Hier, plusieurs dizaines de lycéennes et de lycéens, scolarisés au niveau de 4 établissements secondaires dans la commune de Kouba dans la capitale (lycée Hamia, Jolie Vue, El Afia et Ali Amar) sont sortis dans la rue pour crier leur colère contre l'application «irréfléchie» de ces décisions. La veille et tôt la matinée d'hier, les élèves se sont donnés le maître mot : marcher vers le siège du ministère de l'Education nationale, sis à Ruisseau, afin de marquer leur désapprobation concernant les dernières mesures. Mais il fallait compter sans la présence accrue des éléments de la police, sur le trajet, surplombant la «citadelle» de Benbouzid. Munis de matraques, les agents de l'ordre ont tenté à deux reprises de disperser ces jeunes «trublions». Peine perdue. Et c'est à ce moment que les policiers sont passés à l'acte en malmenant et bastonnant plusieurs lycéens. «J'ai échappé de justesse aux mains rageuses d'un flic qui voulait m'embarquer dans un camion cellulaire», se réjouit, un élève, le visage en sueur. Selon nos informations, 4 lycéens auraient été appréhendés par la police et devaient être relâchés dans l'après-midi. «Des policiers nous ont malmenés et proféré des insultes à notre égard. L'Etat est haggar (injuste). On voulait marcher pacifiquement vers le ministère de l'Education pour demander à ce que les nouveaux horaires soient revus dans l'intérêt de tout le monde. On n'est pas venus pour casser. On n'est pas des voyous», s'époumone Mohamed, lycéen en classe de terminale, la gorge nouée. Notre interlocuteur n'a pas pensé une seconde à voir ses camarades couverts d'insultes par les «représentants de L'Etat». «Maintenant, qu'on nous empêche de crier notre rage, il est temps que le ministre de l'Education parte. Alors que ses enfants étudient à l'étranger aux frais du contribuable, et nous on lui sert de cobayes», s'écrie-t-il. Les élèves rencontrés à Kouba n'ont qu'un seul mot : changer les horaires et revoir la durée de l'année scolaire «J'habite un peu loin de mon établissement. J'ai toujours peur d'être agressée surtout en sortant à 17h30», confie une élève au lycée Hamia. Et un autre de lancer : «A la sortie de l'école, on est lessivés. Et on n'est qu'au début de l'année scolaire. On ne pourra jamais résister pendant 35 semaines de cours durant l'année. En plus, on ne pourra jamais exercer du sport en dehors de l'école. C'est aberrant, il faut revoir les choses. En plus, cette histoire de couleur des tabliers n'est qu'une futilité. Il est carrément difficile de trouver la couleur bleu sur le marché.» Par ailleurs, ce mouvement de protestation spontané est appuyé par les enseignants. «Nos profs sont solidaires avec nous, même tacitement», assure Mohamed. Des propos confirmés par un enseignant, en indiquant que les élèves ont raison de battre le pavé. «C'est trop chargé. Cela n'arrange personne», affirme-t-il. Même, Zobiri Ali, directeur du lycée Hamia de Kouba, abonde dans le même sens. «Les élèves se plaignent beaucoup de ne pas pouvoir suivre le rythme des cours avec ces nouveaux horaires (…) Ma fille est scolarisée ici. Elle rentre à la maison éreintée. Et elle me dit souvent qu'elle n'a pas le temps de se reposer et de réviser», témoigne-t-il, en soutenant que «l'application du week-end semi-universel a chamboulé le système scolaire». «S'il y a lieu d'opérer des changements dans ces nouveaux horaires, il faut le faire», plaide-t-il. A Kouba, hier, il y avait comme une tension sourde. Décidés à faire aboutir leurs revendications, les lycéens tenteront, aujourd'hui, d'accéder à l'inexpugnable forteresse de Benbouzid et chahuter sa «conscience», disent-t-ils. «On n'est pas prêts de reprendre les cours», promet Mohamed.