La wilaya d'Oum El Bouaghi a organisé pour la troisième année consécutive le Festival national consacré à la musique. Le public a eu droit, du 25 au 29 juin, à des récitals de musique aussi bien moderne que traditionnelle. Pas mois de quinze wilayas, dont Alger, Constantine, Sétif, Tizi Ouzou, Bouira, ont pris part à cette manifestation où tous les genres sont représentés. Du raï, du chaâbi, de l'andalou, du rap, du bédouin, enfin des musiques et des chants modernes et traditionnels. Lors de la cérémonie d'ouverture, un hommage posthume a été rendu au musicien et chef d'orchestre Abdelouahab Salim, qui est natif de Rehia (Meskiana) et a vécu à Aïn Beïda. Pour la Journée d'étude nationale sur la musique, avant-hier à la bibliothèque publique, les communicants que sont Safi Boutella, Abdelkader Bendamache et Rachid Guerbas ont débattu de cette forme d'art et de la vision que se font les mélomanes de la musique algérienne. Au cours de son intervention, le musicien et compositeur Safi Boutella, sans vouloir être trop académique, a posé la problématique de la musique vue par les jeunes d'aujourd'hui. Il a relevé le manque d'écoles de musique et d'espaces consacrés à l'art musical. « C'est ridicule de chercher à devenir star en optant pour la musique », a-t-il souligné. Certes, tout un chacun a envie de monter sur scène, d'être compositeur ou interprète, mais l'essentiel reste la valeur intrinsèque de la musique qui est le développement de la sensibilité. Comme métier, c'est difficile, car « la musique ne fait pas vivre ». Safi Boutella a abondé dans ce sens, évoquant son parcours musical. Comme il n'existe pas de protection sociale de l'artiste, comme dans d'autres pays, il faut bien chercher d'autres créneaux pour vivre. Lui a choisi de faire de la musique de films, des concerts, des compositions… Les Algériens sont très ouverts à la musique et à tous les genres, ce qui dénote leur grande sensibilité. « Ce ne sont pas des amuseurs », a-t-il encore dit, considérant le jugement de certains comme une insulte suprême. Aussi, est-il urgent, selon lui, de mettre sur pied le statut particulier de l'artiste pour le protéger et lui assurer une vie décente.