Paris De notre correspondant Minorités ethniques peu représentées à l'écran, ouvriers et inactifs «invisibles», portion congrue pour les femmes par rapport aux hommes : le premier baromètre de la diversité à la télévision n'est pas tendre à travers le petit écran. Ce baromètre est établi sur l'observation des programmes, publicités comprises, pendant une semaine (8 au 14 juin 2009) sur 16 chaînes gratuites de la TNT. Les quatre thèmes examinés sont le sexe, la catégorie socioprofessionnelle, l'origine ethnique perçue et le handicap. En mars 2008, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a mis en place l'observatoire de la diversité présidé par Rachid Arhab. En novembre de la même année, le président du CSA rendait publics les résultats de la première étude dressant un constat «intolérable» et «inacceptable» sur la place réduite accordée par les chaînes françaises à la diversité. Un an plus tard, la situation n'a que très peu évolué. «C'est un sujet sur lequel on commence à progresser mais où il faut mettre un coup d'accélérateur», a d'ailleurs relevé d'emblée M. Boyon. D'après l'étude, apparaissent surtout à l'écran des représentants des classes supérieures (cadres ou professions intellectuelles). La publicité, les fictions, notamment françaises, et les documentaires laissent un peu plus de place aux autres catégories socio-professionnelles. Les magazines d'information et les journaux télévisés «sont aujourd'hui le genre de programmes le plus discriminant» car ils donnent la parole dans quasiment 8 cas sur 10 aux profils les plus hauts de gamme avec une petite amélioration toutefois dans les sujets d'actualité française. La parité homme-femme reste globalement peu respectée, en dépit d'efforts ciblant certains programmes (journaux télévisés, fictions françaises inédites). Dans les émissions de sport, la part des femmes se réduit à 1 intervenant sur 10. Actuellement, les non-Blancs ne représentent qu'une personne sur 10 apparaissant à l'écran. Leur présence est très souvent confinée au rôle secondaire. Seules les émissions musicales enregistrent de bons résultats. Pour tous les autres genres de programmes, la prééminence est avant tout accordée aux personnes vues comme blanches (en moyenne 9 cas sur 10). C'est grâce aux fictions américaines et aux actualités internationales que la diversité des origines ethniques apparaît à l'antenne. L'étude note enfin une quasi-totale occultation de la notion de handicap à l'écran. «Nous souhaitons maintenant entrer dans des engagements contractuels. Je considère que cette année 2009 est une année de rodage sans résultat tangible», a expliqué Alain Méar. Tout au long de l'année, le CSA a mené des actions de sensibilisation auprès des écoles de journalisme, de syndicats de producteurs, de sociétés d'auteurs et va auditionner en novembre les diffuseurs pour fixer des objectifs pour 2010. «Nous essayons de construire avec les chaînes, nous ne le ferons pas contre elles», a dit Rachid Arhab, sans se prononcer sur d'éventuelles mesures qui pourraient être prises à l'encontre des diffuseurs. Ce baromètre a été confié à l'IFOP pour une durée de trois ans.