Faute de statistiques ethniques, interdites par la loi, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) utilise le critère d'«origine perçue» («Blancs», «Noirs», «Arabes», «Asiatiques» ou «autres») pour évaluer la diversité mise en scène dans les programmes télévisés en France. Or, en 2015, le bilan reste le même que l'année précédente: le paysage audiovisuel français est largement dominé par les personnes apparaissant comme «blanches». Plus gênant encore: les 14% de «personnes perçues comme non blanches» apparaissant à l'écran sont le plus souvent présentées sous un mauvais jour, relève le cinquième baromètre de la diversité du CSA. Elles sont ainsi plutôt plus pauvres: constituant 17% des catégories socioprofessionnelles moins aisées (CSP-) dans les émissions et seulement 11% des CSP +. Par contre, quand des activités «marginales ou illégales» sont évoquées, le taux de personnes perçues comme «non blanches» est de 37%, souligne cette étude réalisée en avril-mai sur 1600 programmes de la TNT gratuite. Les «non-Blancs» sont aussi plutôt jeunes: représentant 18% des moins de 20 ans contre seulement 4% des 65 ans et plus, et il s'agit davantage d'hommes (16%) que de femmes (13%). Dans la fiction, le taux de personnes perçues comme «non blanches» n'est que de 9% pour les rôles de héros. Autre catégorie peu représentée, les personnes «perçues comme handicapées» demeurent presque inexistantes à la télévision, avec 0,4% des personnages. Encore un effort, messieurs les patrons de chaîne!», défend Mémona Hintermann-Afféjee, chargée de la diversité au Conseil supérieur de l'audiovisuel. Pour les inciter à aller plus loin que des déclarations d'intention, le CSA, sous la houlette de sa conseillère, a organisé, mardi 6 octobre, un colloque sur le thème «Audiovisuel: comment mieux représenter la diversité de notre société?». «Il était essentiel, explique Mémona Hintermann-Afféjee, que toutes ces personnalités qui ont le pouvoir de changer la télévision prennent des engagements publiquement et que les producteurs et réalisateurs nous éclairent sur les difficultés qu'ils rencontrent pour faire avancer cette question essentielle.» Cette situation n'est pas identique dans d'autres pays en Europe. C'est le cas notamment aux Etats-Unis, en Allemagne, en Australie, ou encore au Royaume-Uni. D'ici à 2020, 20% du staff de Channel 4 doit être représentatif de la diversité. Ces chiffres, publiés par le CSA, des résultats de la vague 2015 du baromètre de la diversité, révèle très peu d'évolution dans la représentation des origines à l'antenne. Croisé avec les catégories socioprofessionnelles (CSP), il est de 17% pour les CSP-, de 11% pour les CSP+, et de 37% pour les activités marginales ou illégales. Quant à leurs rôles dans les fictions, s'il est de 21% pour les figurants, il n'est que de 9% pour les héros. Enfin, le taux de personnes handicapées demeure extrêmement faible avec 0,4%. [email protected]