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De l'ingratitude à l'égard des universitaires
Publié dans El Watan le 07 - 11 - 2009

Pourquoi les «politiques» cherchent-ils auprès des scientifiques algériens installés à l'étranger et non auprès de ceux qui sont sur place ? Personne ne s'est inquiété du sort des universitaires métropolitains : comment vivent-ils de leur savoir, comment vont-ils ? Je peux vous citer des sommités dans ma spécialité, les mathématiques et en sciences humaines. J'ai une présence de 33 ans à l'université algérienne, depuis que j'étais étudiant jusqu'à ma position actuelle de maître de conférences. Je suis devenu à mon insu et malgré moi, cette «mémoire» du milieu scientifique algérien métropolitain. Durant les années 70, les jeunes bacheliers percevaient des bourses de cinq années pour se former en graduation à l'étranger. Officiellement, la politique de formation a élevé le niveau de départ à l'étranger vers les années 80 et n'autorisait que la formation post-graduée du 3e cycle pour l'obtention des masters et doctorats. Les pistonnés se débrouillaient toujours des bourses, même pour le niveau du bac. Certains boursiers privilégiés n'ont jamais mis les pieds dans les universités étrangères. Les scientifiques algériens à l'étranger sont à majorité des anciens boursiers de l'Etat algérien. Ils sont au moins de cinq catégories :
– 1. Des boursiers de l'Etat algérien qui sont rentrés aux pays mais sont repartis à l'étranger. Ils sont de deux types :
– a- ceux qui, nombreux, avaient des arrière-pensées. Ils s'installaient juste le temps d'accomplir leur service national pour être libres de leurs mouvements en cas d'entrées-sorties au pays. Ils retournaient à l'étranger dès qu'ils étaient libérables. Ceux-là ont au moins accompli leur devoir national.
– b. Ceux qui sont restés même après avoir accompli le service national. Ils ont regagné l'entreprise ou l'université avec lesquelles ils étaient engagés. La majorité ont été classés selon le SGT et n'avaient plus le droit à la parole. On les a marginalisés. Ils étaient tellement étouffés que quelques années après leur retour au bercail, ils sont allés chercher de l'air ailleurs en catimini. Personne ne les a pleurés. Des incapables, mais responsables d'unités de production poussaient même des ouf de soulagement, tant ils se sentaient menacés dans leurs postes et leurs privilèges. Tout Algérien peut se rendre compte de l'état où sont arrivées nos entreprises économiques publiques.
Le système rentier a méprisé ces cadres malgré leur bonne volonté et leur disponibilité (maintenant il faut des thèses pour décrire le cauchemar qu'ils ont subi). Parmi ceux qui ont regagné le pays vers les années 80, beaucoup sont détenteurs de masters, de doctorats et de doctorats d'Etat. Durant les années 90, ils ont fui le pays. La majorité d'entre eux se sont fait recruter par des universités, des instituts et collèges du Moyen-Orient. Ils sont nombreux, au moins une cinquantaine à une centaine d'individus de notre université. Les situations économiques et sociales se sont tellement détériorées qu'ils n'ont pas résisté à la tentation du billet vert (le dollar). Ces enseignants «mobiles» ont bien su appliquer l'adage qui dit que «Si les vagues se lèvent, il faut se résoudre à mener sa barque à travers les écueils».
– 2- Des boursiers de l'Etat Algérien, qui sont rentrés au pays, sont repartis une seconde fois en bourse à l'étranger d'où ils ne sont plus revenus
Dans le quotidien El Watan, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a reconnu qu'il y avait des détendeurs de doctorats qui ont bénéficié une seconde fois et illégalement de bourses d'études à l'étranger. Son explication hasardeuse était que certains recteurs ont mal interprété les textes et, de ce fait, ont autorisé ces docteurs à repartir à l'étranger les poches pleines de devises. Quant à moi, je dirais que ces recteurs, craignaient tellement pour leur poste et leurs privilèges, qu'ils ont fait fuir ces docteurs à l'étranger. Ils rivalisaient avec eux en connaissances et en compétences. Un quatrième type de scientifiques algériens à l'étranger.
– 3. Des boursiers de l'Etat algérien qui ne sont jamais rentrés au pays
Cette frange de la population est doublement condamnable. Ils n'ont pas accompli leur service national ou militaire et ils ont bénéficié de bourses de milliers de francs français, de dollars, ou de livres sterlings, de deutchmarks, de zlotties, de roubles, etc. L'Etat algérien leur a payé, pendant quatre à cinq ans, des frais d'inscription conséquents dans les instituts et les universités étrangères de renommée mondiale, des billets d'avion pour l'aller et le retour au pays et leur octroyait un pécule mensuel appelé «bourse», de l'ordre de 3000 DA. Cette somme représentait durant les années 80 un pactole de 4800 FF, soit un SMIG et demi de celui décerné en ce temps en France. De nos jours, il représente approximativement 1800 euros en valeur actualisée. On leur faisait signer des contrats de type «vous devez travailler pour la société ou l'université pour une durée égale à celle de la durée de la bourse», qu'il n'ont jamais respectés. Ils sont toujours redevables à l'Algérie ou au peuple algérien ou au contribuable algérien ou au Trésor public de ces sommes. Des poursuites judiciaires peuvent même être engagées à leur encontre pour recouvrir ces créances en devises fortes.
– 4. Des étudiants non boursiers de l'Etat algérien qui ne sont plus revenus au pays
Quelques étudiants aventuriers (au fond ils ne le sont pas), sont partis à l'étranger sans bourse du gouvernement algérien et ont obtenu des doctorats. Ils sont rares. Réellement, la majorité d'entre eux étaient encadrés par des parents riches qui leur envoyaient de l'argent ou leur permettaient de puiser de leurs comptes bancaires à l'étranger, ou avaient des points de chute à l'étranger, comme une sœur, un frère, une nièce, etc. Il y avait même des étudiants auxquels les parents transféraient légalement à partir de l'Algérie une somme de 1000 DA par voie postale. Pour un étudiant, cela pouvait donner une bouffée d'air. Parmi ces étudiants non boursiers, il y avait les «binationaux» qui pouvaient se procurer une bourse du gouvernement de leur seconde nationalité. Un cinquième type d'anciens boursiers algériens a choisi la métropole, le pays Algérie.
– 5. Des boursiers qui sont revenus définitivement au pays
Parmi eux, beaucoup sont des enseignants universitaires non détenteurs de doctorats qui ont bénéficié de ces bourses, en général de courtes durées, de quinze mois maximum. Ils n'ont pas eu le temps de s'installer définitivement à l'étranger. Parmi ceux qui ont eu une bourse de longue durée de l'ordre de quatre années, beaucoup ne sont plus revenus au pays. Certains universitaires ont pu faire leur choix et ont décidé de s'installer dans le pays. Ils étaient contraints de rester au pays pour des raisons familiales ou autres. Au fond, sommes nous des Algériens, devenus des bohémiens ? Certains se plaisent au pays. Des enseignants universitaires étaient piégés dans le marécage du pays. Ils sont victimes de la notion américaine «on going research», ou «recherche continue». Dans le milieu scientifique et académique, votre CV ne doit pas présenter une période «creuse» sans production scientifique. De retour au pays, la majorité n'ont pas fourni d'effort scientifique sur de longues périodes, alors aucune chance de recrutement à l'étranger ne leur était accordée. Ils ont opté pour l'installation définitive au pays. Un sixième type de scientifiques en Algérie sont :
– 6. Des scientifiques qui n'ont jamais bénéficié de bourses à l'étranger
Dans l'enseignement supérieur, il existe quelques spécimens rares qui n'ont jamais bénéficié de bourses à l'étranger, même de celles d'une durée inférieure ou égale à 15 mois. Ils ont peut-être effectué des stages à l'étranger de courte durée de trois mois au plus. Ils sont en majorité originaires des sciences humaines et sociales. Parmi les scientifiques, les enseignants de rang magistral qui n'ont pas bénéficié de bourses sont rares mais ils existent aussi.
– 7. Que sont devenus ces anciens boursiers à l'étranger ?
Bien que ce soit un geste naturel de la part d'un homme du savoir, jamais au grand jamais un ancien boursier de l'Etat algérien installé à l'étranger n'a offert un «livre» à une bibliothèque d'une université algérienne. Les anciens boursiers de graduation, partis à l'étranger avec le niveau du baccalauréat, n'ont eu la chance de préparer des thèses. La majorité de ces boursiers, même ceux du troisième cycle, n'ont pas réussi à décrocher leur doctorat. Ceux qui ont réussi ne sont pas tous dans des universités ou des centres de recherche. Certes, de nos jours, de jeunes Algériens détenteurs de doctorats français sont intégrés et ont réussi à décrocher des postes dans la recherche, dans les centres de type INRIA, CNRS, etc.
Dans les universités et pour faire le pédagogique, ils sont un peu rares en France, disons qu'ils sont 200 de rang magistral, maîtres de conférences et professeurs. Durant les années 90, avec la tragédie nationale, une horde humaine algérienne détentrice de doctorats français, qui n'a pas décidé de retourner au pays, et n'a pas eu la chance de s'installer en France, a préféré émigrer vers le Canada où des opportunités leur ont été offertes dans le milieu scientifique.
Aux USA et en Angleterre, la majorité des détenteurs de Ph.D ne pratiquent pas leur savoir dans des universités et s'ils le font ce n'est pas en tant que membres permanents puisque rares sont les noms d'Algériens qui apparaissent sur les sites web des universités américaines et anglaises. Il me semble que cet «Etranger»(Europe et Amérique duNord) a adopté la politique et l'adage algériens qui dit «ma richesse je ne la mange pas et je ne la donne pas à manger à autrui». Cet «Etranger» a empoché l'argent de la formation de ces cadres à coup de millions en devises. Il ne fait pas travailler ces scientifiques et ne les encourage pas à regagner leur pays en leur octroyant des cartes de séjour. Il leur accorde même des RMI, des revenus minimums d'insertion sociale.
De nos jours, des associations scientifiques se créent. Il me semble que la communauté scientifique algérienne métropolitaine avait un grand besoin de cesdites associations durant les années de braise, durant notre tragédie, durant la décennie noire. Maintenant qu'on est sortis du fleuve et qu'on est sur la berge, on est même passés à la rive droite avec cette mondialisation, on peut s'en dispenser. Une université doit être un système ouvert. Les enseignants chercheurs improductifs doivent être remerciés et de nouvelles recrues doivent être intégrées. Une université ou un laboratoire d'une université algérienne doit élaborer des relations scientifiques avec des entités scientifiques, des universités, des instituts, des centres de recherches, des écoles étrangères de hautes études et non avec des groupuscules ou associations budgétivores.
Mes compatriotes à l'étranger, s'ils ne sont animés que d'une volonté scientifique, seront les bienvenus à participer à l'édification d'une université moderne et de renommée, et à donner des conférences en Algérie mais en automne, en hiver ou au printemps. Ont-ils oublié que l'Algérie est un pays chaud ? En été (période du congé annuel et de non disponibilité des personnels), la chaleur est torride, on ne peut pas se concentrer et écouter attentivement.
Il y a lieu de rappeler que beaucoup d'Algériens installés à l'étranger ont acquis la nationalité de leur pays de résidence. Les pouvoirs publics vont-ils leur appliquer le nouveau statut fixant les conditions de recrutement des personnels étrangers dans le service de l'Etat algérien, le décret n°09-272 du 30 août 2009 ? Ce statut leur offre un salaire de base, le quadruple de celui octroyé aux métropolitains et d'autres droits très alléchants. Cette Algérie est ingrate et intrigante, n'est-ce pas ?
L'auteur est universitaire


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