La décision de suspension des activités du bureau syndical de l'entreprise de tissage et finissage Tifib (ex-Sonitex) filiale de Texmaco, émise par l'union locale de l'UGTA, a provoqué l'ire des travailleurs de cette entreprise, qui ont déclenché une grève «ouverte» depuis mardi dernier. Depuis ce jour, quelque 150 à 180 d'entre eux paralysent les ateliers de production, et les relations entre les travailleurs de cette entreprise, qui en emploie 355, laquelle est spécialisée dans la fabrication de draperie de haute qualité avec une capacité de 6 000 000 mètres linéaires de tissu par an, s'effilochent de jour en jour un peu plus. Brandissant un éventail de revendications appelant à la destitution du DG de leur entreprise qu'ils accusent de «monter les ouvriers entre eux, de mettre des bâtons dans les roues des vrais syndicalistes, de tenir des réunions sans qu'aucun P.V ne soit officiellement enregistré et de favoriser certains travailleurs au détriment d'autres plus méritants», ils feront remarquer que le portail de la manufacture est grand ouvert et que quiconque n'adhère pas à ce mouvement de protestation est libre d'aller travailler. La revalorisation des salaires, «gelés depuis 2003 et qui sont une atteinte à la dignité humaine puisqu'un père d'une famille de 4 à 5 enfants ne peut subvenir décemment aux besoins des siens avec 15 000 DA/ mois», ont-ils dit, la rectification de la grille de ceux-ci «contenant des erreurs et des aberrations, telles que la baisse du salaire net perçu en cas de promotion catégorielle ou de gain d'un échelon», la rémunération des heures supplémentaires, la mise en place d'une structure sanitaire dans le cadre de la médecine du travail, «qui est un droit stipulé par le code du travail international préconisant un médecin et une infirmerie pour 100 travailleurs», et enfin la réintégration de dix travailleurs «arbitrairement licenciés», parmi lesquels figurent 5 syndicalistes, sont les autres revendications mises en avant par ces travailleurs «fatigués de rester pauvres et sans considération alors que leur entreprise se porte très bien», ont-ils soutenu. Rejetant en bloc les accusations des travailleurs et déniant à cet arrêt de travail tout caractère légal et qui, selon lui, «a été déclenché par quelques employés ayant maille à partir avec leur tutelle syndicale, laquelle leur a notifié, à juste titre, la suspension de leurs activités syndicales, et qui bloquent l'entrée et empêchent, en usant d'intimidation et de menaces, les travailleurs sérieux de rejoindre leurs postes de travail», le DG de la Tifib, Salah Boughara, a expliqué avoir saisi le procureur de la République dès le déclenchement de cette grève et que les responsables auront à assumer les conséquences de leurs actes. Documents à l'appui, il affirme que les membres de ce bureau syndical, «inexpérimentés et méconnaissant leurs prérogatives», ont été sommés à plusieurs reprises de cesser les distributions de tracts, l'affichage sauvage et les réunions confidentielles au sein de l'entreprise, qu'ils « activaient sans respecter les procédures et les formes que doit revêtir toute activité syndicale», et qu'aucun travailleur n'avait été licencié, contrairement aux allégations de ceux-ci. Reconnaissant, toutefois, que des travailleurs, au moment de bénéficier d'une promotion ou d'un changement d'échelon, voient effectivement leurs salaires légèrement revus à la baisse, il exhibera plusieurs correspondances envoyées à la direction générale pour signaler cette erreur et prônera la convocation prochaine du Conseil de participation de l'entreprise, où les travailleurs auront l'opportunité d'exprimer leurs demandes et leurs problèmes. Le responsable de la Tifib rappelle enfin que chaque travailleur percevra une prime de 16 000 DA avant la célébration de l'Aïd El Adha et qu'il est disposé à dialoguer avec les vrais représentants des travailleurs.