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« L'Algérie reste un modèle pour un pays comme le Cameroun qui a aussi souffert d'une décolonisation particulièrement meurtrière » Jean-Marc Soboth. Journaliste, conseiller au comité exécutif de la Fédération internationale des Journalistes.
Des trois pays du Maghreb, l'Algérie est sans doute le moins présent dans l'opinion et le débat en Afrique noire. D'une manière générale, l'on considère ce pays comme étant plus « fermé », au point de soupçonner les Algériens de relents racistes anti-noirs et d'extrémisme religieux. En cela, Alger est bien évidemment différent de Rabat qui, depuis le Roi Hassan II, s'est montré omniprésent en Afrique noire, à travers des liens « familiaux » au sommet des Etats du pré carré français, la coopération militaire (protection rapprochée des chefs d'Etat, etc.), la télévision satellitaire, les processus de privatisation, l'offensive de la pieuvre Royal Air Maroc... C'est que, à force d'être cité dans le schéma géopolitique Afrique du Nord/Monde arabe, nombre d'Africains noirs avaient fini par croire que ceux d'Afrique blanche ne croyaient plus, eux-mêmes, en leur africanité. Peu ont eu le privilège de savoir qu'ils ne l'avaient pas souhaité. L'absentéisme de l'Algérie dans les événements qui, au quotidien, ont bouleversé les régimes monolithiques subsahariens a fait le reste. Du coup, l'actualité politique et culturelle en Algérie est méconnue et n'est suivie, du continent, qu'au gré des priorités éditoriales des médias européens. Une certaine génération d'intellectuels noirs a pourtant gardé de l'Algérie l'image d'une Nation qui s'est courageusement libérée du joug français dans le sang et qui a soutenu des mouvements de libération. L'Algérie demeure, en effet, un modèle pour un pays comme le Cameroun qui a aussi souffert d'une décolonisation particulièrement meurtrière. Cette image n'a pas été adaptée et capitalisée auprès des publics de l'Afrique noire par une réelle capacité médiatique et une diplomatie conséquente de la part d'Alger. En Afrique noire, l'activisme d'un Mouammar Kadhafi pour l'union du continent est populaire. L'activité des pays d'Afrique blanche dans les arcanes de l'Union Africaine rassure donc beaucoup. Mais si rien n'est fait, l'opinion « indigène » restera éloignée de débats cruciaux comme celui des festivals panafricains d'Alger, peu médiatisés au sud. Lors de ses assises de Dakar en février 2009 et à Djibouti récemment, le comité directeur de la Fédération des Journalistes Africains (FJA) a réaffirmé avec force sa vision d'une Afrique indivisible au gré des schémas occidentaux. L'Algérie est souvent absente de telles instances.