La Corée du Nord a « célébré » hier sa manière le 233e anniversaire du « Independence Day » des Etats-Unis. A coup de missiles de courte portée, le régime de Pyongyang a lancé un feu d'artifice sous forme d'un défi aux Etats-Unis mais aussi à la communauté internationale trop braqués sur le programme nucléaire iranien. En effet, la Corée du Nord a procédé hier, et pour la deuxième fois en une semaine, à une série de tirs de missiles. Sept engins de courte portée (entre 400 et 500 km) ont été tirés en mer du Japon depuis la côte orientale du pays communiste, précise le ministère sud-coréen de la Défense. Ces tirs constituent une violation flagrante de résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, interdisant au régime tout essai nucléaire ou tir de missile. L'agence de presse sud-coréenne Yonhap a annoncé qu'il s'agissait de Scud ou de Rodong-1, dont la portée théorique (1000-1300 kim) aurait été bridée. Auparavant Pyongyang avait testé jeudi quatre missiles, mais dont le rayon d'action n'avait été estimé qu'à 120 km. La volonté de Pyongyang de narguer la surpuissance américaine avec ses essais est éclatante. C'est la deuxième fois, en effet, que la Corée du Nord coïncide ses tirs de missiles avec la fête du 4 juillet qui marque la commémoration de l'indépendance des Etats-Unis. En 2006, sept missiles, dont un Taeopodong-2 à longue portée (6700 km) censé pouvoir atteindre l'Alaska. Curieusement la réaction de la Maison-Blanche a été plutôt timorée, presque « gentille » cette fois. « La Corée du Nord devrait éviter toute action pouvant aggraver les tensions et se concentrer sur les négociations de dénucléarisation et la mise en œuvre de ses engagements », a déclaré hier un porte-parole du département d'Etat américain, Karl Duckworth. Et d'ajouter : « Ce que la Corée du Nord doit faire, c'est remplir ses obligations et ses engagements internationaux. » On est loin des menaces de représailles maintes fois brandies contre le régime de Téhéran. Barack Obama semble avoir mis au placard l'uniforme de gendarme du monde que son prédécesseur George Walker Bush enfilait à tout bout de champ. A telle enseigne que les pays européens ont été hier beaucoup plus choqués par ces tirs de missiles que Washington. Ainsi, le ministère sud-coréen des Affaires étrangères a exprimé son « profond regret » face aux actions décidées par Pyongyang « au mépris des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU ». Le Japon, en raison de sa proximité géographique et du passif entre les deux pays, a condamné « un grave acte de provocation ». Feu d'artifice du 4 juillet ! Même tonalité du côté de Londres, qui a dénoncé les « nouvelles provocations » de Pyongyang. « Je condamne les tirs de missiles effectués par la Corée du Nord en violation des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU », a déclaré, dans un communiqué, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband. « La France condamne les essais de missiles » d'hier, a aussi tranché un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. « Elle appelle la Corée du Nord à s'abstenir de toute nouvelle provocation et à mettre en œuvre sans délai les résolutions du Conseil de sécurité », a-t-il ajouté. Mais c'est à Tel-Aviv que l'onde de choc a été le plus ressentie. Binyamin Ben Eliezer, ministre du Commerce, de l'Industrie et de l'Emploi est allé hier jusqu'à exprimer son « inquiétude » à l'égard de la réaction américaine jugée « timide ». « Je suis très inquiet de la réaction des Etats-Unis aux grossières provocations de la Corée du Nord », a-t-il déclaré. Seules la Russie et la Chine ont lancé des appels à la « négociation » sans condamner pour autant le feu d'artifice nord-coréen. La seule solution est la reprise des négociations à six,Corée du Nord, Corée du Sud, Japon, Russie, Chine, Etats-Unis, sur le nucléaire nord-coréen, a déclaré hier le ministère russe des Affaires étrangères, à l'issue de consultations russo-chinoises. « Les parties sont convaincues qu'il n'y a pas d'alternative aux négociations à six, qui restent un instrument efficace pour régler le problème nucléaire de la péninsule coréenne et appellent à leur reprise le plus vite possible », selon un communiqué du ministère russe. A cette vague de condamnations, le régime de Kim Jong, qui n'apprécie pas les manœuvres annuelles entre la Corée du Sud et les Etats-Unis, met en avant son droit à « l'autodéfense ». Une attitude qui se décline comme un bouclier militaro-diplomatique qui apporte de l'eau au moulin de Moscou à la veille de la visite du président Obama en Russie.