Si plusieurs walis dans les régions du nord ferment, pour d'insignifiants prétextes rapportés par la presse, les établissements de vente de boissons alcoolisées situés dans leur wilaya, à Béchar, paradoxalement la situation des quatre ou cinq lieux de vente autorisée d'alcool à emporter se présente autrement. Cas exceptionnel relevant autant de l'énigme que de l'interrogation, car, fait unique dans pratiquement tout le sud du pays, la ville de Béchar demeure encore un îlot de tolérance en matière de vente libre de boissons alcoolisées où ce commerce n'est autorisé dans la plupart des régions que dans les hôtels de l'Etat. Mais, dans le contexte actuel marqué par la montée de l'extrémisme, la profession échappe jusqu'ici aux sirènes des inquisiteurs et autres appels de groupes de pression locaux fortement implantés auxquels résistent les autorités locales détentrices de pouvoir de fermeture de ces établissements. Elles ne veulent pas suivre leurs surenchères, et songent, d'après nos informations, aux conséquences sociales souvent dramatiques que pourrait entraîner une mesure de fermeture pour la jeunesse. La ville de Béchar continue donc à approvisionner en matière de boissons alcoolisées les régions limitrophes d'Adrar, Tindouf, Naâma et El Bayadh, wilayas qui connaissent, à cause de l'interdiction de ce type de commerce sur leur étendue, une spéculation effrénée rapportée par des voyageurs. Des affaires juteuses se brassent pour le grand bonheur des spéculateurs qui gagnent gros et qui échappent au fisc, souligne-t-on. Néanmoins, les tenanciers des établissements à Béchar, situés en majorité dans une ruelle attenante à la principale artère de la ville, se plaignent par contre de l'insécurité qui règne aux alentours des lieux. Les rondes qu'effectuent de manière épisodique les agents de sécurité n'ont pas pour autant dissuadé les marginaux de se regrouper à proximité de ces établissements, dès la tombée de la nuit, pour harceler les passants et les clients. Un tel comportement engendre, constate-t-on, la perturbation de l'ordre public, désorganise la circulation piétonne et automobile et provoque naturellement le courroux des riverains. En plus, des ivrognes s'adonnent ouvertement à des beuveries le long des trottoirs squattés, effarouchant les paisibles citoyens et familles de passage qui contournent cette artère à la vue de ce spectacle répréhensible. Des bagarres éclatent souvent entre bandes rivales qui viennent de différents quartiers de la commune à quelques mètres de ces débits de boissons alcoolisées.