Les habitants frondeurs entendaient protester contre la multiplication des débits et points de vente illicites de boissons alcoolisées. Les habitants de la localité de Souk El Tenine dans la wilaya de Béjaïa ont procédé hier matin et sans prévenir à la fermeture de la RN9. A travers cette action musclée et non sans conséquence sur le trafic routier, les habitants frondeurs entendaient protester contre la multiplication des débits et points de vente illicites de boissons alcoolisées. C'est la énième fois que les populations descendent dans la rue pour crier leur désarroi face à une situation qu'ils jugent «inacceptable». D'autres localités ont eu à agir de la sorte pour dénoncer ce qu'elles considéraient comme «dépassements» et autres «atteintes à la moralité». Le blocage des routes tend à devenir le moyen le plus indiqué pour se faire entendre en l'absence de représentants vraiment soucieux du bien-être de leurs concitoyens. Pourtant, les autorités de wilaya ont ordonné, ces cinq derniers mois, près de 30 fermetures de débits et points de vente de boissons alcoolisées, sous la pression populaire et pour diverses raisons liées, notamment à la non-conformité avec la réglementation en vigueur et le non-respect par ces établissements des règlements ce type régissant l'activité. Transformation de restaurant en bar sans autorisation, consommation de boissons alcoolisées dans les établissements destinés exclusivement à la vente, non-respect des horaires de fermeture et emploi de femmes, sont entre autres, les arguments invoqués par l'administration. Mais la principale motivation serait due aux plaintes de quelques citoyens, notamment dans la ville de Tichy, une coquette station balnéaire, à l'est de Béjaïa, incommodés par les problèmes provoqués souvent autour de ces établissements. Le wali de Béjaïa avait alors promis de sévir contre les contrevenants. Apparemment, cela reste insuffisant d'où cette énième colère qui se traduit par des désagréments à l'endroit des usagers de la route. A Béjaïa, la vente d'alcool sous ses diverses formes est une activité rentable, si rentable qu'au-delà des débits et points de vente légalement autorisés, poussent d'autres, clandestins. Les localités balnéaires sont les plus touchées par ce phénomène, sujet de protestation. L'exemple de la localité de Melbou est à ce titre édifiant. Des habitants ont également bloqué la route pour le même motif. Cette localité sert, en fait, de lien d'approvisionnement pour tous les passagers allant vers Jijel où la vente de ce genre de boissons n'est pas tolérée bien que cette ville soit régie par les mêmes lois. Les localités de Souk El Tenine, Tichy, Aokas pour ne citer que celles-là jouent le même rôle et comptent des dizaines de débits et points de vente autorisés. La colère citoyenne trouve sa raison d'être dans l'informel mais pas forcément dans les cas respectueux de la loi. Il faut savoir qu'en l'espace de trois ans près de 2000 débits et autres points de vente de boissons alcoolisées ont été fermés, notamment dans l'Algérois sous la pression exercée par des associations locales et des comités de quartiers.