Dorénavant, il a été décidé qu'elle se tiendrait, chaque année, durant la 2e semaine du mois de mars. Cette semaine a été instituée en réaction à l'augmentation observée du nombre de cas de glaucomateux, et en corollaire au nombre de cécités par glaucome, en l'absence de dépistage et de prise en charge thérapeutique. Ainsi, à cette date, dans tous les pays, des campagnes d'information et de sensibilisation doivent être menées par tous les organismes en charge de la lutte contre la cécité évitable. Le glaucome est une maladie du nerf optique, caractérisée par la perte progressive des fibres du nerf optique et des altérations du champ visuel. Les zones correspondant aux fibres visuelles altérées vont apparaître comme des zones de plus en plus sombres dans le champ visuel. Ces zones vont s'étendre progressivement, gagnant tout le champ visuel, aboutissant ainsi à la perte totale de la vision. L'augmentation de la pression intra-oculaire est un signe important du glaucome. L'incidence du glaucome a tendance à augmenter avec l'âge. Il faut savoir que 30% des glaucomes ont un caractère familial. Dans le monde, Il existe environ 70 millions de glaucomateux, 6,7 millions d'entre eux sont aveugles. Dans une enquête épidémiologique menée en 2008 par le ministère de la Santé, avec la participation de 210 ophtalmologistes répartis à travers tout le territoire national, la prévalence de cette affection a été estimée à 4,6% dans la population des plus de 40 ans. On compte actuellement entre 400 000 et 500 000 glaucomateux. En Algérie, le glaucome constitue la 2e cause de cécité ; c'est un problème majeur de santé publique. L'équipe du CHU Bab El Oued a mené en 2006 un dépistage du glaucome à El Oued. Nous avons trouvé 9,6% de glaucomateux dans un échantillon de 938 personnes âgées de plus de 40 ans. Plus de la moitié des cas ont été dépistés à cette occasion et ne savaient pas qu'ils étaient porteurs de cette affection. Il existe plusieurs formes cliniques de glaucome, la plus fréquente est le glaucome chronique à angle ouvert (85 à 90%). Il évolue lentement, de manière insidieuse, sans aucun symptôme. Les fibres du nerf optique disparaissent progressivement. Pendant longtemps, les patients ne présentent aucun signe fonctionnel, leurs yeux sont calmes, sans rougeur ni douleur. L'acuité visuelle reste pendant longtemps normale, alors que la maladie est là, bien installée et évolue à bas bruit, de manière sournoise en l'absence de traitement. Seul un examen ophtalmologique avec prise de la pression intra-oculaire, examen du fond d'œil pour voir l'état du nerf optique, et si nécessaire le relevé du champ visuel, permettra de poser le diagnostic. L'affection est souvent diagnostiquée lors de l'examen systématique effectué à l'occasion de la première prescription pour presbytie. Après plusieurs années d'évolution, peuvent apparaître une gêne fonctionnelle en rapport avec les scotomes (taches noires dans le champ visuel) et, parfois, un brouillard visuel. Le traitement doit être institué dès le dépistage. Il vise à diminuer la PIO, ce qui permet de freiner l'évolution vers la cécité, voire de l'arrêter dans les cas les plus favorables. Les lésions installées sont irréversibles, d'où l'intérêt d'un diagnostic précoce. Ce traitement doit être prescrit à vie et doit faire l'objet d'une surveillance régulière par l'ophtalmologiste Ce traitement est avant tout médical. Il repose sur la prescription d'un collyre hypotonisant. Parfois, il est nécessaire de recourir à une bithérapie (2 collyres), facilitée par l'apparition sur le marché d'associations médicamenteuses permettant de diminuer la posologie. Dans les cas rebelles au traitement médical, on peut avoir recours au laser ou au traitement chirurgical. Ainsi, le glaucome chronique est une affection grave, d'autant plus que les déficits initiaux ne sont pas perçus par le patient. On ne saurait trop insister sur la nécessité du dépistage systématique après 40 ans : par mesure de la PIO, par l'examen du fond d'œil, et au moindre doute par un relevé du champ visuel. Sans traitement, l'évolution se fera inexorablement vers la cécité. Il arrive que les thérapeutiques soient interrompues par les patients pour des raisons de coût (médicaments onéreux, nombreux déplacements en raison de l'éloignement des structures de santé, coût des explorations fonctionnelles…), ou parce qu'ils ne perçoivent pas d'amélioration sous traitement, n'ayant pas compris que ce qui est perdu est irrécupérable. – Chef du service ophtalmologie CHU Bab El Oued – Présidente de la Société algérienne du glaucome