Paris. De notre bureau Pourquoi cette effervescence et cette précipitation vers les consulats ? La raison tient au communiqué suivant diffusé par les consulats sur instruction des autorités d'Alger concernant les mesures transitoires dans l'attente de la délivrance du passeport biométrique : «Il est porté à la connaissance de nos ressortissants qu'en raison de l'introduction du passeport biométrique à partir du 1er avril 2010, les passeports sous leur forme actuelle ne seront plus délivrés par le consulat après la date du 31 mars 2010. A cet effet, il est vivement recommandé aux citoyens dont les passeports expirent avant le 30 septembre 2010 de se rapprocher des services consulaires durant la période du 3 au 31 mars 2010 pour procéder à la prorogation ou au renouvellement de leurs passeports. Les documents de voyage ainsi délivrés avant le 31 mars 2010 seront valables jusqu'à mars 2015, date butoir fixée par l'Organisation de l'aviation civile internationale pour la généralisation du passeport biométrique électronique.» Ce communiqué était en vigueur jusqu'à hier matin. Depuis, la date butoir du 31 mars a été reportée au 24 novembre, délai obtenu par l'Algérie auprès de l'Organisation de l'aviation civile internationale pour le renouvellement des passeports sous leur forme actuelle et arrivant à expiration en 2010. Ce qui fera certainement retomber la tension et pourra permettre aux familles de rentrer tranquillement au pays cet été après les désagréments et les moments extrêmement pénibles qu'un nombre important d'entre elles ont endurés. Pour se rendre au consulat général de Paris – qui couvre huit départements –, des compatriotes ont dû parcourir 200 à 250 km. Les files d'attente étaient impressionnantes, particulièrement samedi et hier matin. De son samedi au consulat de Vitry, Linda, une jeune mère de famille habitant l'Essonne (Ile-de-France), en témoigne : «Il fallait se rendre la veille au consulat pour se faire inscrire ou bien y être très tôt. Il y avait énormément de monde, des femmes, des enfants, des vieux. A 9h du matin, les portes du consulat se sont ouvertes, un agent, un cahier à la main, appelait les gens inscrits la veille. On l'entendait à peine. Un désordre indescriptible s'en est suivi, accompagné d'une bousculade générale. Je me suis retrouvée happée par le mouvement de foule. C'est ce délai du 31 mars qui a créé la panique. On aurait pu nous envoyer un courrier. Ce qui m'a chagrinée, c'est la façon dont on nous traite. Qu'on nous respecte, c'est tout.» Le consul général de Paris, Abderrahmane Meziane Cherif, nous affirme qu'il n'a jamais vu pareil mouvement de foule comme celui qu'il a observé en arrivant hier matin à son bureau : la file d'attente se prolongeait jusque sur l'avenue de la Grande Armée avec laquelle la rue d'Argentine, où se trouve le consulat, fait angle. Cet état de fait est, selon M. Meziane Cherif, la résultante de deux situations qui se sont corrolées : les émigrés algériens réservent leurs places de transport pour les vacances assez tôt. Ils attendent aussi le dernier moment pour renouveler leurs passeports. Des files d'attente impressionnantes Ce qui, cette année, coïncide avec l'annonce du passeport biométrique pour le 1er avril. Cette affluence s'expliquerait aussi par un certain nombre de rumeurs qui ont circulé selon lesquelles le temps de délivrance du passeport biométrique est de deux mois. Cette rumeur aurait incité certains ressortissants à se précipiter au consulat pour refaire leurs passeports et, ainsi, échapper au biométrique. Or, le délai de délivrance de ce passeport ne saurait excéder un mois, assure Abderrahmane Meziane Cherif. D'autres ont besoin de leurs passeports pour réserver leurs billets d'avion ou de bateau. Quant au communiqué sur les mesures transitoires à l'établissement du passeport biométrique, le consul général de Paris nous affirme qu'il est sur le site Internet et sur les enceintes d'affichage du consulat depuis un mois. «Nous parlons aussi aux gens qui viennent pour des démarches administratives.» Pour ce qui est de saisir les immatriculés par courrier, «ce n'est pas efficient, il nous revient dans sa quasi-totalité, du fait de changements fréquents d'adresses non signalés». Enfin «nous comprenons les difficultés des gens et leur panique». Toutefois, «tout le personnel est mobilisé pour faire au mieux, six personnes sont chargées de l'accueil et les dix guichets du consulat sont opérationnels de 9h à 17h». Le consulat général de Paris a reçu 3000 exemplaires de passeport ancienne formule pour remplacer les passeports arrivés à terme. Ce nombre jugé insuffisant va être épuisé dans les 48 heures au vu de la demande. Sinon les anciens passeports seront prorogés pour une validité de cinq ans ; le tarif de prorogation ou de renouvellement est de 20 euros.