Un cadre du Fatah accuse Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, d'avoir voulu tuer le leader palestinien Yasser Arafat. Farouk Kadoumi, secrétaire général du haut comité central de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), a accusé Mahmoud Abbas, président palestinien de « complicité avec les autorité israéliennes dans l'assassinat du défunt Yasser Arafat ». Lors d'une conférence de presse à Amman (Jordanie,) Kadoumi raconte que Yasser Arafat lui aurait confié avant sa mort un PV d'une réunion secrète ayant rassemblé Mahmoud Abbas, Mohamed Dahlane, ancien chef de la sécurité préventive palestinienne, Ariel Sharon, ex-Premier ministre israélien et des officiers du renseignement américains au cours de laquelle il a été procédé à la planification de l'assassinat d'Arafat et d'autres leaders de factions palestiniennes. Selon une note de synthèse à laquelle Kadoumi a donné lecture, devant des journalistes, Sharon aurait dit à Abbas et Dahlane : « Il faut œuvrer à assassiner les chefs des factions palestiniennes, le premier pas doit être l'assassinat d'Arafat par empoisonnement, je ne veux pas l'éloigner sauf si le pays qui l'accueillerait s'engage à l'assigner en résidence surveillée. Sinon Arafat va renouer avec la vie en avion » en allusion aux nombreux déplacements qu'effectuait l'ex-président palestinien dans différents pays du monde. Les bureaux d'Al jazeera en Palestine fermés « Ce rapport est un tissu de mensonges », avait réagi le comité central du Fatah sur son site Internet dans un communiqué, accusant Kadoumi, resté en exil à Tunis après les accords d'Oslo qui ont permis à Arafat de regagner sa patrie, de « diviser le Fatah ». Hostile aux accords d'Oslo de 1993 de reconnaissance mutuelle entre Israël et l'OLP, M. Kadoumi n'est jamais rentré dans les territoires palestiniens. Dès mardi, la populaire chaîne arabe Al Jazeera reprend les accusations de Kadoumi sur son antenne, ce qui provoque l'ire de l'autorité palestinienne. La réaction ne s'est pas fait attendre. L'Autorité palestinienne a interdit, toute activité de la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera en Cisjordanie pour s'être faite l'écho de cette accusation de complot du président Mahmoud Abbas contre son prédécesseur, Yasser Arafat, en 2003. Selon Bilal Al Hassan analyste politique et ex-membre du comité exécutif du Fatah, il n'y a aucun doute sur le fait que Arafat ait été tué. « Ses médecins palestiniens, égyptiens et tunisiens m'ont confirmé avant son départ pour la France [Yasser Arafat a été hospitalisé à l'hôpital Percy de Clamart, en banlieue parisienne, le 29 octobre 2004, 13 jours avant son décès, ndlr] que les symptômes d'un empoisonnement étaient apparus sur son corps et sur son visage. Une autopsie a été demandée après sa mort pour en déterminer les raisons, mais rien n'a été fait. Le doute subsiste donc sur les circonstances de sa mort. » Selon Bilal Al Hassan, il y a plusieurs raisons à ce que ces documents sortent aujourd'hui. « Farouk Kadoumi et Abou Mazen (Mahmoud Abbas), ne s'entendent plus depuis longtemps. Le Fatah est divisé entre leurs partisans respectifs (ceux de Kadoumi représentent, selon mes estimations, de 70 % à 80 % des cadres et membres du Fatah). Kadoumi soutient un programme politique radical. Abbas est davantage favorable à la concertation. » Selon l'expert, Kadoumi entretenait de bonnes relations avec feu Arafat et ne parlait plus avec son successeur Mahmoud Abbas. Kadoumi compte parmi les derniers membres historiques du Fatah. Il fut l'un des membres fondateurs du mouvement, dans les années soixante. Il entretenait alors une relation solide et amicale avec Abbas et Arafat. « Leurs divergences sont nées au moment des accords d'Oslo, en 1993. Abbas et Arafat les ont approuvés, Kadoumi, lui, s'y opposait explique Bilal Al Hassan. Depuis, Abou Mazen ignore Kadoumi et ne le consulte plus. À l'inverse Arafat, lui, même si les deux hommes ne s'entendaient pas particulièrement bien, continuait de lui demander son avis. » Info ou intox ? Les accusations formulées par Kadoumi sont en tout cas politiquement très dangereuses. Elles auront des conséquences importantes sur l'unité du Fatah, dont les divisions internes sont devenues publiques.