Le numéro2 de l'OLP, Farouk Kaddoumi, un des fondateurs du Fatah, a porté de graves accusations contre le président Abbas. Farouk Kaddoumi, compagnon du défunt Yasser Arafat et actuel numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) a fait exploser une bombe en affirmant dans un document distribué en début de semaine en Jordanie que l'ancien chargé de sécurité dans la bande de Ghaza, Mohamed Dahlan, et le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, auraient participé à un complot d'Israël et des Etats-Unis qui s'est soldé par la mort, jusqu'ici mystérieuse, de l'ancien président palestinien, Yasser Arafat. Arafat a été chef du Fatah, principale composante de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), dont il était le président, et premier chef de l'Autorité autonome palestinienne issue des accords d'Oslo de 1993. Yasser Arafat est mort en novembre 2004 à Paris d'un mystérieux mal qui n'a jamais été clairement identifié. Dans ce document, Farouk Kaddoumi accuse notamment le président Abbas d'avoir «en liaison avec Israël comploté en 2003 en vue de tuer Yasser Arafat». D'aucuns se demandent le pourquoi de la sortie de Farouk Kaddoumi en ce moment précis, d'autant qu'il n'apporte, selon les observateurs, aucun élément nouveau susceptible d'éclairer un tant soit peu l'énigme entourant la mort du président palestinien. D'aucuns ont également vite fait de relier les accusations de Kaddoumi avec le prochain congrès du Fatah qui se tiendra pour la première fois dans les territoires palestiniens, en Cisjordanie. Or, Farouk Kaddoumi est aujourd'hui l'un des derniers, sinon le seul dirigeant palestinien de la résistance à n'être jamais rentré dans les territoires palestiniens depuis l'avènement de l'Autorité autonome palestinienne induite par les accord d'Oslo de 1993 qu'il ne reconnaît d'ailleurs pas. Farouk Kaddoumi réclame d'autre part que la tenue du congrès du Fatah se tienne à l'étranger car selon lui plusieurs dirigeants historiques du Fatah ne peuvent pas y prendre part soit du fait de l'interdiction qui leur est faite par Israël d'entrer dans les territoires palestiniens, soit du refus exprimé par quelques dirigeants, comme M.Kaddoumi, de mettre un terme à leur exil. En attaquant de front Mahmoud Abbas, Farouk Kaddoumi, outrele fait d'accentuer la division et la lutte pour le pouvoir qui sévit au sein du Fatah depuis le décès de Yasser Arafat, remet à l'ordre du jour un dossier, la mort de Arafat, en vérité jamais clos. Dès mardi toutefois, le Fatah réagissait sur son site Internet, estimant que le rapport de Kaddoumi diffusé par Al Jazeera, «est un tissu de mensonges», accusant Kaddoumi de «diviser le Fatah et d'empêcher la tenue du VIe Congrès». Celui-ci est théoriquement prévue le 4 août prochain à Bethléem. Cependant ce congrès du Fatah interviendrait dans un moment difficile pour la cause palestinienne, alors que les territoires sont divisés et gérés par le Fatah (Cisjordanie) et le Hamas (Ghaza depuis 2007). La première victime collatérale du document -Kaddoumi a été la chaîne satellitaire qatarie, Al Jazeera, dont les bureaux de Ramallah en Cisjordanie ont été fermés par l'Autorité palestinienne. La chaîne qatarie a repris mardi l'information, relançant la spéculation sur la mort de Arafat et surtout les accusations de Kaddoumi contre Abbas et Dahlan. Le ministère palestinien de l'information indique avoir pris cette décision à la suite de la diffusion d'«informations mensongères» mardi par Al Jazeera. Il précise que des poursuites judiciaires vont être engagées contre la chaîne d'information en arabe. Dans un communiqué, Al Jazeera s'est dite «désolée», indiquant: «Nous sommes désolés de cette décision qui porte atteinte à la liberté d'expression et de la presse dans ce pays», dans une réaction de Walid al-Omary, le directeur du bureau d'Al Jazeera à Ramallah. «Nous rejetons fermement les accusations portées par le ministère (palestinien», a-t-il ajouté. Dans un communiqué publié à Doha, Al Jazeera a indiqué que la décision était liée à la diffusion mardi d'une déclaration de Farouk Kaddoumi, chef du département politique de l'OLP, et s'est dite «étonnée» d'avoir été sanctionnée de la sorte en dépit «du traitement professionnel» de cette information qui avait été rapportée par de nombreux médias arabes et internationaux.