A l'instar de la plus grande partie de la région, la localité de Bousselam semble, elle aussi, vouée à l'oubli. Située à l'extrême nord-ouest de la wilaya de Sétif, aujourd'hui, cette région bat en retraite à cause de son isolement géographique et sa marginalisation bureaucratique. Avec son relief montagneux et son climat peu clément, la municipalité n'offre pas une vie euphorique à ses quelque 1 800 habitants. Le mode de vie rural, basé notamment sur la culture des olives, des figuiers et l'élevage de bétail, ne semble plus suffire pour vivre décemment. Raison pour laquelle un fait social émergent prend, ces jours-ci, plus d'ampleur : l'exode collectif. Une saignée qui, en l'espace d'une vingtaine d'années, a fait perdre à la localité la moitie de sa population. Un fait qui ne peut s'expliquer que pas un seul mot : misère. Avec un déficit important en matière de projets et de budgets et un relief difficile, la localité n'encourage guère à y demeurer. En effet, la chaleur torride de ses étés et le froid glacial de ses hivers, conjugués à une multitude de calvaires vécus au quotidien, ont fini par mettre la population au bord de la crise de nerfs. Disette d'eau, état impraticable des routes, inexistence d'une salle de soins, coupures interminables d'électricité, chômage paralysant des jeunes et autre marasme, provoquent, sans casse, le ras- le-bol de la population. A Bousselam, les jeunes prennent, d'ores et déjà, conscience de leur misère. Ils sont déçus, mais pas résignés. Une tournée rapide à travers les 14 quartiers de la cité nous éclaire sur le quotidien de ces chômeurs livrés à eux-mêmes. Les occupations refuges sont les parties de dominos, ou de « foot » pour les jeunes scolarisés. Lorsque le transport scolaire sera disponible, le cauchemar des longues marches prendra fin. Dans ce décor lugubre, l'ouverture de deux cybercafés a procuré un peu de joie aux jeunes de Bousselam. Ils s'en servent à volonté et leur occupation première est le chat. D'autre part, le stade municipal s'avère également un lieu de loisirs pour les amateurs de sport, dans l'attente d'une salle omnisports, laquelle donnera un coup de fouet à cette masse juvénile. Par ailleurs, la population attend avec impatience l'ouverture d'une salle de musculation, le réaménagement du stade communal, la fin des travaux de réhabilitation de la route, la mise en service d'une maternité, qui devra atténuer du calvaire des femmes enceintes et l'amélioration de l'éclairage public. A noter enfin que le problème du transport scolaire, qui n'a toujours pas été réglé, représente l'une des principales causes de déperdition scolaire dans cette région.