Des mesures d'urgence ont été prises par les pouvoirs publics pour faire face au grave problème d'encombrement des rades des entreprises portuaires. La semaine dernière, 37 navires attendaient, certains depuis plus de 45 jours, au large du port, un sempiternel OK pour se mettre à quai et décharger leur marchandise. Un gâchis, sachant que chaque journée d'attente coûte entre 1500 et 2500 dollars. Les mesures d'urgence prises par les autorités s'avèrent inutiles. En effet, les pouvoirs publics viennent de décider de diriger vers d'autres ports tous les navires transportant du rond à béton, du bois, des produits alimentaires et divers non conteneurisés, créant une vraie panique chez les opérateurs. Pourtant, les causes de la congestion de la rade, notamment celle d'Alger, sont bien connues. Il s'agit du manque de moyens de contrôle dont souffrent les équipes de la direction du commerce auxquelles, depuis quelques mois, de nouvelles missions de contrôle de qualité ont été affectées. Avec à peine une vingtaine d'éléments, il est pratiquement impossible pour ces équipes de traiter 1200 à 14 000 containers, comme cela était le cas avant. Aujourd'hui, c'est à peine si les unités peuvent contrôler 200 à 300 containers. Pour des sources portuaires, le grand problème réside dans le manque d'espace pour l'entreposage des containers. « Une fois le bateau déchargé, il faut attendre des jours, voire des semaines pour que les agents de la DCP contrôlent les containers. Ce qui bloque les autres navires. Les espaces sont trop petits pour accueillir un tel volume. Les navires transportant la marchandise en vrac ne sont pas concernés parce que celle-ci est déchargée directement sur les véhicules de transport pour être contrôlée sur place et évacuée. Elle n'attend pas autant de temps », nous explique un transitaire. Il précise que la reprise des ordres de transfert vers les ports secs a quelque peu soulagé la situation, mais pas pour longtemps. « Les ports secs ont été vite saturés par les containers à cause de la lenteur des opérations de contrôle. Les responsables ne peuvent signer d'ordre de sortie sans le document de la DCP », révèle notre interlocuteur, qui qualifie les dernières mesures prises pour désengorger la rade de « cafouillage ». Selon lui, l'instruction du Premier ministre relative à l'instauration, le 15 juillet dernier, de brigades mixtes de contrôle (douanes, commerce, ports et services de sécurité) « ne réglera jamais cette crise tant que les services du commerce ne sont pas renforcés et leurs procédures de contrôle allégées. Personne ne peut être contre le contrôle de la qualité de tout produit entrant en Algérie. Néanmoins, il faut que l'Etat mette les moyens pour mener à bien cette mission. Pourquoi, pour le même volume de travail, les services des douanes du port d'Alger comptent 500 éléments et à côté, le commerce à peine une vingtaine ? » Il indique que les containers sont de plus en plus utilisés par les opérateurs, « ce qui aurait dû pousser les autorités à prendre les mesures nécessaires pour éviter que l'enceinte du port, qui est une aire de transit et non de stockage, ne soit saturée ». En fait, cette situation ne touche pas uniquement le port d'Alger, mais aussi ceux de Skikda, Béjaïa et Oran qui étouffent sous le volume important de containers en attente de traitement. Les ministères des Transports et du Commerce, ainsi que le Premier ministère ont été saisis ; des réunions ainsi que des conseils interministériels ont été consacrés à ce problème, mais la situation ne cesse de se compliquer faute d'une solution adéquate…