Une semaine après l'entrée en vigueur des mesures d'interdiction de la marchandise non conteneurisée au port d'Alger, la situation ne cesse d'empirer. Les 20 postes à quai de la zone nord qui recevaient les navires sont totalement paralysés, avec pour conséquence la perte de 600 emplois journaliers et la mise à l'arrêt de 170 engins de manutention. Abandonnée, cette zone, faut-il le rappeler, ne peut accueillir les conteneurs en raison d'absence d'aire d'entreposage. Sa mise à l'arrêt est considérée par beaucoup, comme étant du « gâchis », sachant que d'autres ports, vers lesquels les navires ont été transférés vivent une situation de surcharge et que la rade d'Alger est restée aussi encombrée qu'avant. En effet, 13 navires, dont 10 porte-conteneurs, sont en rade et certains depuis presque 20 jours. Selon des sources proches de l'entreprise portuaire, quelque 3100 conteneurs sont en attente de déchargement, soit près de 50% des capacités de stockage du terminal, alors que ce dernier est déjà en situation de surcharge, aggravée par le délai de traitement très lent. En effet, un navire peut rester plus de 10 jours à quai, après avoir attendu, autant de temps en rade, pour débarquer ou embarquer quelque 350 conteneurs seulement. Ces derniers, en cas de débarquement, ne peuvent quitter le port avant un délai moyen de 20 jours, ce qui porte la durée depuis l'arrivée du navire à sa sortie du port à 45 jours au moins. Ces lenteurs s'expliquent notamment pas les délais assez lents des procédures de contrôle aux frontières, imposées par la nouvelle loi de finances, du fait du manque de moyens humains et matériels des équipes du commerce, chargées de cette mission. En transférant la marchandise non conteneurisée vers d'autres ports du pays, sans les doter de moyens humains et matériels pour la réceptionner, les autorités n'ont fait que transférer le problème d'encombrement des rades. En effet, le port de Mostaganem, qui n'a depuis son existence jamais connu de congestion, a déjà sept navires en attente d'une autorisation de mise à quai, dont un bateau de bananes, attend depuis plus de six jours. La situation risque de se compliquer davantage avec la saison de la semence de pomme de terre, lorsque la priorité de traitement sera accordée exclusivement aux navires transportant ces produits. A Oran, trois navires sont en rade, alors qu'à Béjaïa, six bateaux sont également en attente d'une autorisation d'accostage. Hier, les syndicalistes du port d'Alger ont pris part à une réunion avec la coordination nationale regroupant l'ensemble des entreprises portuaires pour débattre de plusieurs problèmes, dont celui lié aux mesures d'interdiction de la marchandise non conteneurisée, mais aussi l'installation d'une section syndicale au sein de Dubaï Port World, qui gère le terminal à conteneurs au port d'Alger, qui a d'ailleurs été reportée à jeudi 15 octobre 2009. Pour ce qui est du point lié aux mesures du ministère des Transports, le syndicat de l'entreprise portuaire a exprimé son « inquiétude » face à ce qu'il a qualifié de « situation explosive » qui va découler de la mise en chômage de plus de 600 journaliers. « Nous avons préparé une lettre de protestation pour interpeller lei président de la République et le Premier ministre. Une semaine depuis leur entrée en vigueur, ces mesures ont créé une situation catastrophique, que ce soit au port d'Alger, ou dans les ports vers lesquels ont été transférés les navires, et qui sont dépassés par le trafic. Nous ne sommes pas contre le fait de les faire travailler, mais il se trouve qu'il est anormal de paralyser un port en surchargeant un autre dépourvu de moyens humains et matériel », déclare M. Bendebka, du syndicat du port d'Alger. Il annonce d'ores et déjà que les travailleurs se préparent à des actions de protestation, prévues la semaine prochaine, dans le cas où les autorités ne donnent pas de suite à leurs doléances. « En tant que syndicat, nous avons très peur de la réaction de ces centaines de journaliers qui ont perdu leur emploi. C'est une vraie bombe qui risque d'éclater à n'importe quel moment. Nous n'avons pas été impliqués dans la prise de ces mesures. Nous aurions au moins trouvé une solution à même de régler le problème de la rade d'Alger, et qui, selon nous, n'a aucune relation avec la marchandise non conteneurisée. Tout le monde sait que ce sont les délais très lents de traitement des conteneurs qui engendrent la congestion de la rade. Alors pourquoi avoir trompé les autorités ? Pourquoi sacrifier des activités d'un port, pour encombrer un autre ? », ajoute M. Bendebka. Selon lui, la semaine prochaine sera décisive, parce qu'il est prévu une réunion avec l'ensemble des travailleurs permanents et journaliers, et à l'issue de laquelle, des décisions seront prises.