C'est ce qui ressort de l'intervention de M. Lateb Hamid, directeur de la distribution à l'EDA de Boumerdès, une filiale de Sonelgaz. Car, les investissements faits par l'entreprise sont contrebalancés par des fraudeurs et des créances qui empêchent d'investir plus. En effet, l'EDA de Boumerdès relève dans son bilan de l'année 2009 une perte d'énergie estimée à 30% de la consommation globale dans ce département. Un déficit énorme qui se répercute sur les citoyens honnêtes. La fraude est, depuis des années, l'une des raisons majeures à l'origine des coupures d'électricité et des chutes de tension, diront les responsables de l'EDA de Boumerdès. L'entreprise a recensé pas moins de «7 sites de plus de 1300 abonnés en fraude directe sur le réseau». Et les fraudeurs non recensés doivent être plus nombreux encore. Les bidonvilles sont les endroits où les habitants se branchent frauduleusement sur le réseau, pénalisant les abonnés recensés et contrôlés. Les sites des chalets représentent une autre source de préjudice pour l'entreprise : l'EDA y a relevé des pertes très importantes (14,28 GW/heure). Le directeur de la distribution a annoncé des mesures visant à juguler ce mal, citant entre autres le changement de compteurs et des plaintes contre les contrevenants. Mais les fraudeurs se branchent sur le réseau en amont, contournant ainsi les compteurs. Les branchements frauduleux sont visibles dans les sites des chalets, comme ailleurs, et il suffit aux agents de l'EDA de ne pas fermer les yeux sur ces piratages et de sévir pour régler le problème. Un citoyen témoigne que «des habitants branchés illicitement sur le réseau font fonctionner leurs climatiseurs durant toute la nuit tout l'été et tout l'hiver, sans arrêt». Par conséquent, le remplacement des compteurs ne réglera pas tout le problème de la fraude, auquel participent même les institutions de l'Etat. Sélectif, le rapport de l'EDA dénonce la «réalisation de 40 branchements avant compteurs par des APC». A une question d'El Watan relative aux poursuites judiciaires engagées à l'encontre des fraudeurs, M. Lateb a souligné que «généralement les actions visant des individus aboutissent, mais pas celles des cas collectifs, comme les bidonvilles». L'entreprise se plaint également des agressions sur ses ouvrages, caractérisées essentiellement par des constructions dans les zones de servitude ou carrément sur ou sous les ouvrages de Sonelgaz. Ce problème touche les réseaux d'électricité et de gaz. L'EDA se plaint aussi du problème des créances : de 100 milliards de centimes, dont 80% représentent des créances d'énergie et 20% des créances de travaux sont détenues sur ses clients. L'administration détient 68% de ce chiffre. Les APC viennent en tête des mauvais payeurs avec 25 milliards de centimes, suivies par les services de sécurité, le secteur de la santé, les directions de wilaya et l'entreprise des eaux. Afin d'améliorer ses services, l'EDA a investi 21 milliards de centimes l'année passée pour éviter des problèmes de surcharge. Une quarantaine de nouveaux postes de distribution et de postes de départs de haute tension ont été réalisés. On a aussi engagé des programmes de restructuration, réhabilitation et remplacement de postes. Pour l'année 2010, vingt-deux milliards de centimes sont dégagés pour la réalisation d'autres postes et l'entretien du réseau.