Au bout de quelques minutes de trajet, nous apercevons la belle bande côtière longeant la baie de Tichy. C'est le calme plat. Les plages sont désertes. El Maghra et Acharchour sont vides. Nous atteignons la station balnéaire de Tichy au bout de 35 minutes, au lieu d'une heure et demie la veille. Hormis quelques commerces d'alimentation générale et certaines boutiques d'articles d'artisanat, la cité balnéaire est quasiment vide. Direction la plage. C'est le désert ! Nous sommes loin des pics de fréquentation de juillet et début août. La mer est calme. Les petites tentes alignées tout au long de la rive sont vides. Seuls une dizaine d'estivants sont éparpillés à travers la vaste plage. «C'est trop calme. Hier, j'étais à Saket, ça grouillait de monde», dit un père de famille de Sidi Aïch rencontré sur la plage. Un peu plus loin de Tichy, le village touristique de Baccaro vit aussi la même morosité. «Nous n'avons reçu aucun client aujourd'hui», dit un agent immobilier. Beaucoup parmi ses collèges ont baissé rideau. «Les prix des locations d'appartement se sont certes effondrés, mais les clients ne se bousculent pas pour autant. Il y a quelques jours, il fallait débourser 3500 à 8000 DA pour louer un F2 meublé. Le même appartement était proposé, hier, à moitié prix.» «J'ai même un client qui a écourté son séjour. Il a précipitamment quitté l'appartement hier, qu'il avait pourtant loué pour 5 jours», confie un agent immobilier. Les prix ont chuté de moitié. «J'ai pour vous un F3 meublé, un superbe étage de villa, pieds dans l'eau, à 1000 DA la nuitée. C'est moitié prix par rapport à la veille du Ramadhan», nous propose un agent immobilier à Tichy. «Pas un seul client», répondent tour à tour les gérants des hôtels le Saphir Bleu et Syfax. Au Saphir Bleu, le réceptionniste propose une chambre single à 300 DA la nuitée, contre 4500 DA la veille. Cet hôtel, qui affichait complet il y a à peine quelques jours, était désespérément vide hier, avons-nous remarqué. Constat partagé par tous les établissements qui ont connu un bon taux de remplissage durant le mois de juillet et début août. Les commerçants aussi souffrent de la désertion des estivants. «Notre chiffre d'affaires s'est effondré. Le manque à gagner est terrible !», confie un épicier. «En 24 heures, ce quartier s'est transformé en une cité fantôme. Nous ne vivons que grâce aux estivants», poursuit notre interlocuteur. La saison touristique peut-elle encore être sauvée ? Un hôtelier se montre pessimiste : «Après le Ramadhan, c'est la rentrée. La saison estivale est bel et bien finie.»