Une nuitée coûte en moyenne entre 4000 et 8000 DA Si l'été béjaoui s'est rétréci du fait du Ramadan, qui va empiéter sur une bonne partie de la saison, les prix ont paradoxalement doublé. C'est le cas plus particulièrement chez les particuliers, qui louent leurs appartements, maisons et cabanons. Il faut compter entre 4000 et 6000 DA la nuitée à Tichy, Bakaro, Aokas, Souk El-Ténine et Melbou à l'est de Béjaïa. Au niveau de Capritours, la nuitée varie entre 8000 et 15 000 DA - logement VIP, pour reprendre les agents immobiliers interviewés. Sur la côte ouest, Boulimat, Saket jusqu'à Beni Ksila, il faut compter aussi entre 4 000 et 6 000 DA la nuitée. Et cette hausse n'est pas propre aux stations balnéaires. Elle a touché y compris le chef-lieu de wilaya de Béjaïa où il faut débourser 4000 DA pour une nuitée. Il s'agit d'appartements ou de maisons meublés avec un minimum de commodités. Abdenour Adjlia, le patron d'une agence immobilière, qui a pignon sur rue, confirme que les prix ont doublé cette année. Conséquences ? Il faut, explique-t-il, pour une famille de six personnes entre 40 et 45 000 DA par semaine, soit une moyenne de 7000 DA par jour. “C'est bien sûr excessif.” Et à quoi sont dues ces hausses ? Pour le patron d'Adjlia Immobilier, cela est du au fait que la saison n'a débuté que tardivement. Le flux a commencé à partir du 7 juillet. Et la saison doit s'achever 4 à 5 jours avant le début du Ramadan, prévu le 1er août. Les vacances scolaires ont été retardées alors qu'avant les élèves étaient en déjà en vacances vers la fin mai. Il a fallu attendre les conseils de classes, les bulletins et ensuite les résultats du BEM et du baccalauréat. “Beaucoup de nos clients ont réservé entre le 4 et le 28 juillet. Et ce n'est pas évident de satisfaire tout le monde.” Les bailleurs d'appartements, de maisons ou de cabanons, qui ont l'habitude de louer leurs biens pendant deux ou trois mois d'affilée, n'ont de demandes que pour trois semaines. “C'est la raison pour laquelle ils ont doublé les prix. Il s'agit pour eux de rattraper le mois d'août.” C'était possible car le gros des clients a l'habitude de passer ses vacances à Béjaïa. La sécurité règne. Et comme le touriste est craintif, si on lui assure la sécurité, il n'est pas très regardant sur les prix. Le patron d'Adjlia immobilier a confié que certains de ses clients ne viennent à Béjaïa que pour les week-ends. Ils laissent leurs familles durant la semaine à Béjaïa. Ceci pour dire que leurs familles sont en sécurité. Et cela n'a pas de prix. Une autre clientèle a fait son apparition cette année. Celle qui a l'habitude de passer ses vacances en Tunisie. Elle a dû se rabattre sur Béjaïa, ses plages et ses criques. C'est donc autant de familles en quête d'un logement, d'un studio ou d'un cabanon. “Il y a même une forte demande pour Béjaïa-ville”, a fait remarquer M. Adjlia. Plus encore, le flux de demandes a suscité un phénomène nouveau. Beaucoup de gens louent désormais leurs appartements ou maisons. “C'est un phénomène nouveau à Béjaïa-ville”, a-t-il confié. Autre particularité de l'été béjaoui. Les estivants, qui viennent de wilayas de l'est, se regroupent traditionnellement sur la côte est de Béjaïa : de Tichy à Melbou en passant par Bakaro, cap Aokas, Lota et Souk El-Ténine. Ceux qui viennent du centre du pays optent volontiers pour la côte ouest : de Boulimat à Beni Ksila en passant par Saket, Tighremt, Oued Dess et Aït-Mendil. S'il est vrai qu'en matière d'infrastructures hôtelières des opérateurs ont investi ces vingt dernières années dans le tourisme, notamment sur la côte est de Béjaïa. La côte ouest demeure relativement vierge. Toutefois, il est évident que la réussite d'une saison estivale passe par une augmentation tous azimuts des capacités d'accueil et par de meilleures conditions d'accueil. Il s'agit d'offrir aux visiteurs toutes les commodités nécessaires : assurer la sécurité des biens et des personnes avec le concours des services de sécurité, améliorer l'hygiène, la qualité de la prestation et éviter autant que possible les coupures d'eau et d'électricité qui sont légion en cette période de l'année. Plus encore, les collectivités locales rentabilisent leurs espaces. La wilaya de Béjaïa, qui compte 52 campings, voit cohabiter annuellement quelque 23 000 personnes. Et en matière d'hébergement dans les hôtels, on en compte que 3000 lits dont près de 1000 dans les unités balnéaires. Il est donc difficile de satisfaire comme il se doit la demande. L'offre étant nettement inférieure. Et quoique les hôtels urbains participent grandement à l'absorption de la demande, le déficit est flagrant. Cela n'est pas sans conséquence sur les tarifs pratiqués. Quand un hôtelier ne dispose que de 50 ou 60 chambres, il ne peut pas pratiquer des prix étudiés. Au contraire, il va essayer de rentabiliser son investissement car il sait qu'en basse saison, son hôtel sera désespérément vide, a confié un opérateur de la côte est de Béjaïa. À l'hôtel Club Alloui à Tichy, on a confirmé que leur clientèle habituelle est demeurée fidèle. “Ils sont satisfaits. Ils sont revenus”, a indiqué le chef de la réception. Plus encore, ils en ont même gagné une nouvelle, celle qui a l'habitude de passer ses vacances en Tunisie. La nuitée en demi-pension coûte chez Club Alloui 7700 DA ; une chambre double est louée à 10 300 DA. À l'hôtel Syphax, mitoyen du Club Alloui, l'affluence est plutôt moyenne, a-t-on confié. Et ils n'ont pas vraiment bénéficié des estivants, qui ont l'habitude de passer leurs vacances à l'étranger. “C'est une clientèle que nous avons fidélisée.” La nuitée en demi-pension et en chambre double coûte 9800 DA, a-t-on indiqué. Une chose est sûre, nos interlocuteurs à l'hôtel Club Alloui ou au Syphas ont affirmé que les événements, qu'a connus la ville de Tichy n'ont eu aucune incidence sur l'activité touristique. Au complexe touristique Djorf Eddahabi dans la commune de Melbou, après des débuts laborieux au mois de juin où le taux de réservation était de 25%, la barre des 90% est largement dépassée. Il faut dire qu'à la différence des hôtels, le complexe compte quelque 80 bungalows dont des duplex. Et les tarifs en vigueur jusqu'à la mi-juin, soit 3000 DA la nuitée, ont triplé. Les duplex peuvent atteindre jusqu'à 15 000 DA en TTC.