L'hôtel, véritable pilier de l'activité touristique locale, est pour le tourisme à Collo ce qu'est El Hadjar pour la sidérurgie à Annaba. En effet, il est arrivé à afficher un «surbooking» durant toute une décade. Une performance non négligeable si on y ajoute le fait que le taux d'occupation moyen depuis le 15 juillet dernier se situe autour de 80%. Ces résultats ne sont pas le fait d'un quelconque hasard. Selon des spécialistes, des facteurs endogènes et exogènes à l'établissement sont derrière le choix de dizaines de familles algériennes de «bougarouniser» cet été. Pour les facteurs endogènes, on peut citer l'investissement dans la qualité et la promotion. Pour les facteurs exogènes, on peut retenir la conjoncture exceptionnelle liée à la survenue du Ramadhan en période estivale. Ainsi, côté qualité, cette année, le nombre de chambres dotées de toutes les commodités a augmenté, rendant ainsi large la manœuvre des commerciaux de l'entreprise propriétaire de l'hôtel, soit l'EGT-Est. Un investissement a été consenti dans les équipements, certes, mais surtout dans les ressources humaines. Il a suffit d'être à l'écoute de la clientèle en 2009 pour que la prestation du restaurant, point noir durant les dernières saisons, voire depuis des décennies, devienne un atout. Cet investissement dans la qualité, entamé déjà depuis un quinquennat, s'est accompagné d'un autre dans la communication. Une communication intelligente et ciblée dans la tradition de l'EGT-Est de ces sept dernières années. Déjà, pour la saison 2008-2009, une importante action de promotion a été menée. Presse et radio locales ont été le canal de transmission du message. Tout a commencé par une rencontre sur le rôle de la presse locale dans la promotion des destinations régionales. Elle a été suivie d'une autre action de publicité. Pour cette saison, plus de 30 correspondants de presse et de radios locales ont été invités à une «Eductour» à Collo suivi d'une rencontre sur le tourisme et l'information régionale de proximité. À noter que la ville de Collo est la seule de toute l'Algérie à accueillir chaque année des «Eductours» avec le concours de personnalités et d'associations locales. Cette action de promotion est suivie d'un programme de publicité adapté. Pour rappel, l'hôtel Bougaroun, un trois étoiles et pieds dans l'eau, est situé à l'extrémité ouest de la Baie des jeunes filles. Cet établissement de droit public, conçu par le célèbre architecte Pouillon, est composé de 75 chambres spacieuses, bien exposées au soleil. Il dispose également d'un luxueux jardin, d'une piscine pour enfants et d'un restaurant d'une capacité de 150 couverts. Durant la décennie noire, il fut la seule structure publique à n'avoir jamais fermé ses portes malgré une conjoncture hostile. Réalisé, à l'instar des hôtels de la côte ouest algéroise, pour répondre à la demande internationale, il sera ouvert en 1982 au moment où l'Algérie était engagée dans une politique d'encouragement du tourisme de masse. Et, ironie du sort, le Bougaroun était appelé non pas à répondre à la demande des touristes du haut de gamme, mais à celle des clubs de football de l'ex-division une en déplacement dans la cité pré-insulaire, un week-end sur deux. L'ex-WKFC, le club phare de la ville, était au cœur d'une véritable dynamique qui avait propulsé Collo au devant de la scène sportive. Du coup, l'apport de la balle ronde et des grands joueurs, tels les Bouzid, Kezzar, Zekri, Baghloul, Azzoun, Boukadoum et autre Hamouda, pour ne citer que ceux là, à la région de Collo et à son tourisme est incontestable. Pour la première fois en Algérie, on assistait à un football moteur de développement d'une ville et de sa notoriété. À la place d'une industrie, Collo a eu son football industrialisant et à la place d'un Hadjar, elle a eu son Bougaroun.