Les travailleurs grévistes ont été destinataires d'une motion de soutien de la Fédération nationale des travailleurs du commerce et du tourisme où ils rappellent à Gestour le respect de la convention collective. À l'instar des travailleurs des autres hôtels relevant de la chaîne hôtelière de l'EGT-Est, ceux de l'hôtel balnéaire Bougaroun de Collo ont mis à exécution leur menace et sont entrés en grève limitée à une semaine depuis mardi matin. Au niveau de cet hôtel, seul le service minimum est assuré. Cette décision, prise lors d'une assemblée extraordinaire, est considérée comme un soutien indéfectible aux travailleurs de l'hôtel Es Salem de Skikda qui sont toujours en grève. Le communiqué du syndicat de l'entreprise, rédigé à la suite d'une assemblée générale élargie, tenue dimanche dernier à l'hôtel les Hammadites de Béjaïa, endosse la responsabilité de ce blocage au holding Gestour et au ministère de l'industrie et de la promotion des investissements, soit aux pouvoirs publics. Ces derniers sont accusés de violation des termes de la convention collective et des accords signés entre les différentes parties, directement impliquées dans la gestion de ce dossier. “L'insistance du groupe et le ministère de l'Industrie à accélérer le processus d'attribution de l'hôtel Es Salem au nouveau propriétaire sans avoir honoré les indemnités des travailleurs relatives au départ volontaire tel que stipulé dans le PV de réunion en date du 28/04/2007”, est la cause de ce débrayage. Il s'agit d'une première dans les annales de cet établissement de 75 chambres, pieds dans l'eau, ouvert en 1982 pour répondre à une forte demande créée par l'essor du tourisme de masse et les activités annexes drainées par la présence de l'équipe locale de football, l'ex WKFC, en nationale une. Cette grève d'une semaine, entamée mardi dernier, est suivie dans le reste des hôtels de la chaîne EGT Est. La semaine prochaine se tiendra une autre réunion de concertation à l'hôtel Es Salem de Skikda pour peaufiner les détails de la protestation. “Pourquoi on nous refuse des droits qui ont été appliqués lors d'une cession d'un hôtel à Alger ?”, demande un employé de l'hôtel Bougaroun. Pour un autre, syndicaliste de son état, “dimanche dernier, les responsables de Gestour nous ont proposé verbalement, sans aucun écrit, de renoncer à la grève, de permettre au nouvel acquéreur de prendre possession des lieux et compter sur leurs paroles pour voir, ultérieurement, notre revendication relative aux indemnités de départs volontaires satisfaite, soit les termes d'un véritable contrat de dupes !” Face à ce bras de fer, les travailleurs grévistes ont été destinataires d'une motion de soutien de la Fédération nationale des travailleurs du commerce et du tourisme où ils rappellent à Gestour le respect de la convention collective. Pour rappel, l'hôtel Bougaroun, une fois l'établissement Es Salem cédé, se retrouvera dans une difficile situation économique et financière. La Direction de l'EGT, avec l'apport des autres hôtels de la chaîne ne cesse de mobiliser les moyens financiers nécessaires à son entretien et son fonctionnement. L'équipe que dirige Lakehal Ayat, dont le siège est à Constantine, a même proposé aux responsables concernés l'ouverture, au sein de l'enceinte même, d'une école hôtelière. Une démarche qui, si elle avait abouti, aurait été d'un grand apport pour l'essor des ressources humaines dans le secteur du tourisme dans la région et dans tout le pays. Dans un autre registre, les services commerciaux de l'EGT Est ont réussi, en 2006 et 2007, à convaincre des voyagistes algériens à le programmer lors du montage des produits destinés aux touristes étrangers au grand bonheur des populations locales et des commerçants. Il sera, selon des cadres de l'établissement, au cœur d'une nouvelle politique de tourisme équitable et responsable à développer dans la région du massif forestier de Collo à partir de l'année 2008. Le conflit social de travail qui secoue son frère aîné, Es Salem, risque de ramener à la baisse ces ambitions. A. Boukarine