On a beau seriner les discours sur la promotion du tourisme et le soutien aux investisseurs dans le domaine, mais à l'épreuve du terrain, la réalité est bien plus triste face à la bureaucratie et autres comportements insidieux et négatifs aux services d'intérêts occultes. Le jeune Nadir Saâdi l'a vérifié à son corps défendant, lui qui trime depuis des années en quête d'un terrain pour construire une nouvelle infrastructure sur la plage Ben M'hidi, à Skikda. Tout le monde connaît le Titanic. Un ensemble constitué d'un bar-restaurant, d'une pizzeria, d'un hôtel, d'une terrasse gastronomique et d'une plage privée dont la notoriété attire les familles de toute la région est du pays. Une réputation construite sur la qualité irréprochable du service et une offre imbattable sur toute la côte est, serait-on tenté d'affirmer. De quoi mettre le vent en poupe au propriétaire, le jeune Nadir Saâdi, qui veut étendre sa plateforme d'accueil. Une entreprise qui s'avère un exercice ardu frisant l'absurde depuis qu'il fait face à un blocage énigmatique de la part du premier magistrat de la wilaya. Afin de tirer au clair cette affaire et battre en brèche, le cas échéant, d'éventuels malentendus, il est allé jusqu'à demander audience au wali en achetant un espace publicitaire sur la une d'un quotidien, histoire de mettre le wali devant ses responsabilités face à l'opinion publique. Il faut dire qu'au bout de maintes demandes d'audience, consignées par des accusés de réception, et vouées toutes à rester lettre morte, le simple doute cède la place à l'intrigue. Les craintes sont confirmées d'ailleurs depuis que le cabinet du wali a refusé d'apposer le cachet officiel sur une autre demande d'audience adressée par le biais d'un huissier de justice ! Pourquoi refuse-t-on de répondre à ces sollicitations ? Pourquoi un tel mépris ? Les déboires de Nadir ne datent pas d'hier ; elles datent de 14 ans. En effet, l'investisseur a obtenu en 1996 l'autorisation de construire un hôtel 4 étoiles, dans le cadre du Calpi, sur la corniche de Larbi Ben M'hidi (ex-Jeanne d'Arc). Mais après avoir payé le terrain auprès des services des Domaines et obtenu l'autorisation auprès des services habilités, notamment ceux du tourisme, il se fait « piquer » le terrain par le wali de l'époque, qui y plante, d'autorité, une bibliothèque communale ! Une idée d'autant plus incongrue, compte tenu de la nature du site (une plage) et la population faible qui s'y trouve. Bref, ça sentait une réaction délibérée pour empêcher l'érection de l'hôtel. Après plusieurs démarches et une décision de justice rendue en sa faveur, Nadir Saâdi obtient un petit terrain en compensation. Celui-ci, mitoyen de l'ensemble le Titanic, est prévu pour abriter une grande surface multiservice à vocation touristique. Après paiement des redevances et formalisation du contrat le 10 novembre 2007, les services des Domaines transmettent au wali l'acte de concession pour signature. L'espoir revenu ne durera pas longtemps, hélas. Après trois mois de stagnation au niveau de la wilaya, l'arrêté est renvoyé à la direction des Domaines le 28 janvier 2008 sans signature et sans commentaire. Les choses se précisent. On veut empêcher l'investisseur de réaliser son projet, en faisant entrave à ses droits, par l'usage de l'autorité. Son calvaire recommence. Après maintes tentatives, la direction des Domaines consent à soumettre une nouvelle fois au wali l'arrêté pour signature. C'était en février dernier mais depuis, aucune réponse n'a été adressée ni à la direction des Domaines, ni au concerné. Ce dernier crie aujourd'hui à la machination et l'acharnement de la part de l'administration pointant du doigt les services communaux qui ont refait le bitume de la corniche sur environ 8 km en arrêtant d'une manière flagrante et ridicule la ligne des travaux juste là où commence Le Titanic ! Pourquoi un commis de l'Etat, et a fortiori premier magistrat de la wilaya, serait-il opposé à l'idée d'un investissement touristique pourtant autorisé par les services compétents ? On connaît bien le déficit infrastructurel à Skikda et tout le monde sait que les investisseurs ne se bousculent pas pour le développement du tourisme. Les agissements de deux walis successifs seraient-ils motivés par des raisons louables qu'on ignore ou bien sont-ils intervenus pour plaire et rendre service à des clans locaux que l'essor du Titanic dérange ? Lors des assises nationales et internationales du tourisme, tenues en février 2008 à Alger, le ministre du secteur avait affirmé dans son discours inaugural que la volonté de la plus haute autorité de l'Etat de développer le tourisme est clairement affichée et qu'elle est irréversible. Il avait dit aussi :« L'essentiel de l'action est entre les mains qui veulent aujourd'hui oser, créer en un mot. » L'action ambitieuse et perfectionniste du jeune investisseur Nadir Saâdi serait la réponse idéale à cet appel national pour construire l'Algérie qui espère, si elle ne s'était pas seulement heurtée à la réaction des apprentis castrateurs, empêcheurs de tourner rond. Aux dernières nouvelles, nous apprenons que l'investisseur a pu rencontrer le secrétaire général de la wilaya de Skikda qui lui a suggéré de patienter jusqu'au 30 juillet, date du retour de congé du wali, pour être reçu. Gageons que cette promesse conduira à un heureux épilogue.