La maison de la culture Houari Boumediène de la capitale des Hauts-Plateaux a abrité, samedi dernier, un séminaire régional sur le tourisme. La rencontre ayant regroupé les professionnels de 17 wilayas de l'Est algérien a été rehaussée par la présence du ministre du Tourisme, Med Seghir Kara, qui n'a, faut-il le rappeler, pas assisté aux travaux du conclave sétifien qui intervient après les précédentes journées organisées à Aïn Témouchent et Ghardaïa. Les opérateurs de la branche qui attendaient depuis des lustres la tenue d'un tel séminaire placé sous le thème « Le tourisme facteur de développement local » n'ayant pu exposer leurs problèmes, doléances et suggestions au premier responsable du secteur, étaient quelque peu déçus. Ce dernier, qui s'est contenté lors de son discours inaugural de généralités, a transformé son intervention en louanges adressées au président de la République concepteur de la concorde civile qui prendra prochainement la forme de réconciliation nationale pas du tout occultée par l'orateur. Le représentant du gouvernement prend, par la suite, la direction de Djemila (l'ex-Cuicul), classée patrimoine universel en 1989. La cité antique fondée au IIe siècle après J.-C. qui a tant souffert durant les années de braise des exactions terroristes n'est plus mise en quarantaine, en dépit des hideux et étroits voies d'accès. Cette contrainte ne décourage pas pour autant les diplomates, les chercheurs, les historiens et les milliers de simples citoyens à venir visiter des vestiges, témoins des civilisations anciennes. Djemila, qui retrouve la quiétude et ses visiteurs, veut reconquérir son festival mis en veilleuse depuis 1994. La relance d'une telle manifestation ne pouvant se réaliser sans un certain nombre d'investissements (la réhabilitation du réseau routier et la réalisation d'infrastructures hôtelière de moyenne dimension) qui rendront le sourire à une population d'une région abandonnée à un triste sort des décennies durant est plus que souhaitée. Le feu vert du wali a été confirmé par le ministre qui ambitionne de mettre sur pied en ces lieux une activité culturelle et touristique à la fois. Un initié et habitué du festival de Timgad met en garde : « Avant de relancer un tel projet, les autorités doivent penser avant tout à sauvegarder le site des vestiges quelque peu abîmés à Timgad... » La bonne nouvelle a été accueillie avec une certaine réserve par les habitants de l'ex-Cuicul. « Entre les intentions et la concrétisation, on doit patienter encore des années car la mise sur pied d'un festival digne du nom ne se fait pas du jour au lendemain, et nécessite des moyens, un montage financier conséquent et des aménagements de l'espace. Pour l'heure, rien ne présage d'une relance imminente... », nous dit Mounir un jeune du coin qui ne veut pas se leurrer. La balle est désormais dans le camp des décideurs qui doivent faire vite mais pas dans la précipitation. A son retour à Sétif, M. Kara est invité à visiter une agence de voyage (Tropic Tours) et deux hôtels en construction non loin de Aïn El Fouara qui n'a toujours pas comblé son déficit en la matière. Et avant de prendre congé des Hauts-Plateaux sétifiens, le ministre regagne la maison de la culture pour entendre les recommandations ayant sanctionné les travaux des trois ateliers mis sur pied. Mohamed qui a participé à l'élaboration du rapport du 1er atelier intitulé « Organisation et structuration des professionnels locaux » estime : « Le moment est venu pour que les intervenants du secteur s'organisent davantage afin de défendre l'honneur d'une profession qui n'a pas été ces derniers temps ménagée. » Nadir, qui a pris part à l'activité du deuxième intitulé « La redynamisation des activités touristiques à l'échelle locale » demeure quant à lui circonspect : « Les barrières bureaucratiques qui ont la peau dure découragent les plus endurcis. Une APC qui vous loue un terrain de camping trouve le moyen pour vous mettre des bâtons dans les roues. Un agent d'Algérie Télécom trouve toujours des excuses pour qu'on diffère l'installation d'une ligne téléphonique cela n'est que la partie émergée de l'iceberg... » Brahim Larbaoui, patron de Tropic Tour, qui cherche trois hectares pour l'édification de son complexe touristique, n'y va pas par quatre chemins : « Le voyagiste est quotidiennement confronté au parcours du combattant. Il est obligé de faire avec les imprévus d' Air Algérie qui mettent à mal notre crédibilité. Le déficit en bus haut de gamme n'arrange pas les affaires d'un secteur qui ne possède toujours pas un guide touristique actualisé devant permettre à nos touristes de connaître les richesses de notre beau et grand pays. »