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Ibn Moqla, le calligraphe-vizir victime d'un complot politique
Le fleuve détourné reprend son cours
Publié dans El Watan le 10 - 02 - 2005

Il est rare de voir des hommes de lettres et des artistes, en général, s'en tirer à bon compte lorsqu'ils s'adonnent à la politique. C'est à croire que celle-ci ne s'accorde pas avec les choses de l'esprit et n'est pas programmée dans l'ordre de l'intellect.
Al Motamid (1038-1095), grand poète andalou et brillant prince de la dynastie des Beni Abbad, une fois déchu, fut traîné dans la boue ainsi que les membres de sa famille. Son compatriote, Ibn El Khatib (1313-1374), illustre prosateur et homme politique de grande envergure, fut pourchassé un peu partout dans le Maghreb et trouva la mort dans d'horribles conditions. Pour comble, son corps fut déterré par ses ennemis et brûlé à l'entrée de la ville de Fès. On le sait depuis que le monde est monde, le pouvoir politique grise son détenteur, fait sauter tous les verrous, et si celui-ci s'avère être un artiste, ou un homme de lettres doublé de responsable politique, alors c'est le bouquet ! En bref, ce sont les références morales qui en pâtissent. Plus déroutant encore est le cas d'Ibn Moqla (885-930), à qui l'art de la calligraphie doit une fière chandelle depuis plus de mille ans maintenant. Il fut ministre à trois reprises, cependant, son entourage politique direct avait, à chacun de ses mandats, des griefs contre son arrogance et sa propension à la magouille. Une fois tombé en disgrâce, il fut décidé de le déposséder de tous ses biens. Non satisfaits de cette condamnation, ses ennemis agirent de concert pour l'enfoncer davantage, poussant ainsi le calife à croire que son ex-vizir était impliqué dans une tentative de déstabilisation du pouvoir.
Déchéance et dépossession
La machine infernale de la vengeance s'ébranla aussitôt, et Ibn Moqla fut jeté en prison comme un vulgaire voleur, tel qu'il le dit lui-même. On intima encore l'ordre à l'un des tortionnaires de lui couper la main. Nul besoin de s'interroger sur le pourquoi de cette infamie, le supplice physique et moral étant monnaie courante à cette époque que les historiens ont, de nos jours, tendance à glorifier. On peut imaginer d'ici la scène : des gens rongés d'envie, se délectant, dans un donjon, du supplice d'un grand artiste ! Qui doit-on incriminer ? Ibn Moqla le politicien pour s'être cru au-dessus de tout soupçon ? Ou Ibn Moqla le grand calligraphe pour avoir cédé à la tentation du jeu politique ? Ses ennemis, et cela, apparemment, est de bonne guerre en politique, l'attendaient au tournant. Lui, tout grand intellectuel qu'il était, continuait à prêter le flanc naïvement, sans pouvoir faire le distinguo entre art et politique. Il insistait, avec acharnement, à vouloir entrer dans cette « République » qui continuait de le rejeter. Une fois, deux fois, trois fois, et le couperet tomba sec, sans résonance. Du ministre honni par ses pairs et qu'il fallait abattre à tout prix, on monta d'un cran, c'est-à-dire, à l'artiste qui se croyait à l'abri des soubresauts de la politique. Le cas d'Ibn Moqla nous interpelle encore ; peut-on vraiment réussir cette prouesse qui fait réunir deux choses aux antipodes l'une de l'autre : la politique et la création artistique d'une manière générale ? Ibn Moqla devait sûrement croire qu'il avait un certain pouvoir politique et qu'il fallait l'exercer sans sourciller. Chez l'homme et dans le monde qui nous entoure, il existe comme une nature première qui reprend ses droits. Il faut reconnaître, cependant, que notre calligraphe se montra plus fort, plus original que tous ses ennemis. Il revint à son moi véritable, à l'artiste talentueux tapi dans ses profondeurs. Les chroniqueurs s'attardent longuement sur sa manière d'attacher le « kalam » au bout de son bras mutilé pour parfaire ses techniques calligraphiques dans la profondeur de la prison. En cela, il se montra à l'image d'un fleuve détourné qui reprend son cours initial. Lui, le fin artiste, le grand lettré, aurait pu laisser à la postérité un témoignage, non de sa souffrance, mais de la nécessité, pour tout créateur artistique, de voler très haut et de n'accorder aucun crédit aux calculs politicards. On doit au grand philologue Ethaâlibi (961-1038) une phrase toute d'amertume et de chagrin : « Affligeant est le sort cruel réservé à cette main si inestimable ! Le style calligraphique d'Ibn Moqla était le plus beau de tous ! »


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