Etudiante en seconde année à la faculté de médecine d'Oran, je viens de participer au programme «Entre les lignes», un atelier d'écriture de deux semaines à l'université de l'Iowa. Une invitation sous les auspices de l'ambassade des Etats-Unis à Alger. Ainsi, cette année, j'ai eu la chance de participer dans un programme hors du commun, un cadeau des cieux, une bénédiction, une découverte de soi, une aventure personnelle gourmande de mots, en quête de savoir. Le nom du programme m'avait tellement inspiré «Entre les lignes» quand j'ai su que j'avais gagné le concours, j'étais comme dans une sorte de transe «mon rêve allait se réaliser». Je m'en allais au royaume des incompris, un paradis que je cherchais, au temple des écrivains, poètes, philosophes, penseurs et ce temple existait dans une ville du Middle-West des Etats-Unis Iowa City qui, pendant plusieurs années, a réuni des écrivains du monde entier. En dépit des apparences ou de ce qu'on dit d'elle en superficie, cette ville était immense à mes yeux, elle s'étendait dans l'espace et le temps dans l'imaginaire commun et insondable de mon esprit et de ceux qui ont participé avec moi, non seulement ceux du BTL mais aussi des américains du IYWS qui sont tous des personnes extraordinaires. Alors, de même que des archéologues cherchent des vestiges, nous, nous cherchons les mots, ce qui se cache derrière les courbures des lettres, plongeant dans les ouvertures qu'offre la ponctuation, nous étions tous de jeunes écrivains, issus de différents pays arabes, ce qui rendait le programme plus intéressant. Car j'aime l'écriture théâtrale, la connaissance d'autres dialectes, de nouvelles expressions et proverbes locaux d'autres pays m'ont fait avancer. En plus de cela, nous avions l'honneur d'avoir de très bons professeurs eux aussi écrivains. La journée commençait toujours par ce qu'on appelait le «stretch». Chaque jour, un professeur se présentait à nous et nous faisait faire des exercices pour stimuler notre imagination. Cercle des poètes Comme par exemple, l'invention de nouveaux personnages à partir de gens connus, écrire un poème selon les lettres de l'alphabet… Après cela, nous avions notre cours d'arabe avec M. Tarik El Tayeb ainsi que Mme Dounya Mikhail, qui nous faisaient faire à leur tour des expériences, et on devait écrire sur nos sentiments. Par exemple, le premier jour, Mr Tarik nous a emmené voir une toile dessinée dans un des murs d'Iowa et on devait la décrire, ou inventer une histoire ou écrire de la poésie. Le jour suivant, chacun de nous présente sa production. Chacun écoutait l'autre lire son essai avec enthousiasme. Car la différence de percevoir l'image a créé une mosaïque magnifique, la seconde expérience était de vivre et d'écrire sur la vie avec un dollar en poche par jour. En plus de ces aventures plus fantastiques les unes que les autres, nous faisions beaucoup de lecture en arabe de textes très intéressants auxquels on faisait des critiques, des débats et des traductions. Je me suis aussi rendue compte pendant ce programme que je devais enrichir d'avantage mes connaissances sur la littérature arabe. Il y a tellement d'écrivains qui sont à découvrir et dont on ne connaît pas l'existence car on souffre encore des effets du colonialisme et des brèches qu'il a causées dans notre langue qui reste un joyau authentique. Et l'après-midi, nous avions les cours d'anglais, également très intéressants. Ils nous permettaient de développer notre «esprit critique». Chacun devait présenter une histoire et le reste du groupe devait la lire et en faire la critique. Les jeunes écrivains américains ont adoré nos histoires qui sont très différentes des leurs, vu la diversité de la culture. Ce qui a créé une atmosphère très réjouissante et captivante. Et pour conclure, le soir, nous avions eu l'insigne honneur d'avoir des écrivains américains et arabes qui venaient nous faire des lectures de leurs romans et partager leurs expériences personnelles dans leur vie imprévisible d'artistes. Mon voyage s'est terminé en visitant la ville de Chicago qui m'avait totalement éblouie et où a eu lieu notre dernier écrit là-bas. Nous étions fins prêts à retourner dans nos pays respectifs avec une grande joie d'avoir appris autant de choses en si peu de temps et un bagage énorme de souvenirs, mélangé à une grande tristesse causée par la séparation avec tous nos nouveaux formidables amis. Un grand merci à Son Excellence l'ambassadeur des états-unis, David Pearce, pour ce magnifique séjour qui sera à jamais gravé dans ma mémoire.