Les auteurs du carnage ont bien choisi leur cible. C'est une procession chiite qui était visée, à Lahore, dans l'est du Pakistan. Trois bombes ont explosé avant-hier à quelques minutes d'intervalle au milieu de la foule qui commémorait la mort de l'imam Ali, quand les participants s'apprêtaient à rompre le jeûne. Ces attaques-suicide ont fait au moins 37 morts et 281 blessés, selon un dernier bilan. La ville de Lahore a été l'une des cibles privilégiées des kamikazes ces derniers mois. Une campagne d'attentats, principalement conduite par les talibans pakistanais. Des milliers de personnes s'étaient réunies mercredi dans les rues de Lahore pour une commémoration religieuse chiite lorsque des kamikazes se sont fait exploser dans la procession au milieu de la foule et c'est ce qui explique que le bilan soit si lourd. La foule en colère s'est ensuite retournée contre la police, l'accusant de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour la protéger. La minorité chiite qui représente 20% de la population pakistanaise est régulièrement prise pour cible. Mais ces derniers mois, un certain nombre d'attaques spectaculaires ont également visé d'autres minorités religieuses à Lahore. En juillet, un double attentat dans un mausolée soufi avait fait plus de 40 morts et au mois de mai, c'est la minorité religieuse des Ahmadis qui a été victime de violences sanglantes. L'attentat de mercredi à Lahore a été revendiqué par un groupe sunnite radical. Un groupe aujourd'hui allié aux réseaux Al Qaïda et aux talibans pakistanais. L'objectif de ces opérations meurtrières consiste à attaquer les groupes religieux minoritaires pour déstabiliser le pays. Ce mouvement qui a fait allégeance à Al Qaïda est dans le collimateur des Etats-Unis. Washington l'a placé sur sa liste noire et offre 5 millions de dollars pour tout renseignement qui permettra l'arrestation du chef des talibans pakistanais. Hakimullah Mehsud est poursuivi pour complot terroriste par la justice fédérale américaine qui l'accuse d'être responsable du meurtre de sept agents de la CIA, en décembre 2009.