La tension est montée d'un cran, hier, au 97, rue Hassiba Ben Bouali lorsque les autorités locales ont entamé une opération de démolition sur fond de contestation des propriétaires des lieux, en l'occurrence les frères Idir. En effet, le chef de la daïra et le P/Apc de Sidi M'hamed, accompagnés du chef de la police se sont présentés au local qui sert d'atelier de menuiserie afin d'exécuter l'arrêté du wali d'Alger n° 256 du 5 février 2005, ordonnant la démolition de cette bâtisse. « Nous sommes là pour exécuter un arrêté de démolition du wali d'Alger parce que cette bâtisse menace ruine et a été classée rouge par les experts du CGS », déclare le wali délégué de Sidi M'hamed. Même son de cloche du côté du maire de cette commune qui affirmera que ses services ne font qu'exécuter un arrêté du wali d'Alger. « Des experts ont établi que cette bâtisse constitue un danger pour les passants et devra, de ce fait, être démolie », rétorque le P/Apc. Hier, quelques éléments des forces de police ont été déployés sur les lieux afin de garantir le bon déroulement de cette opération. Des employés de Net-Com et du service de la voirie de l'Apc ont été, eux aussi, envoyés sur les lieux. Il y avait aussi ceux des travaux publics qui déblayaient le terrain. Selon l'un des frères Idir, cette opération n'est ni plus ni moins qu'une affaire de « convoitise » qui a été maquillée. « Cela fait des mois que nous subissons toutes sortes de pressions administratives afin que nous cédions, mais nous avons toujours refusé. Cette fois-ci, les autorités nous ont déclaré que notre atelier a été classé rouge par des experts 21 mois après le séisme. Trouvez-vous cela normal ? », s'interroge notre interlocuteur avant d'exhiber un rapport d'expertise établi par deux experts, en l'occurrence Mohamed Zaâf et Hacène Boucena. Ce rapport établi en 2003 a conclu que la bâtisse en question, d'une superficie totale de 242,36m2, n'a pas été touchée par le séisme du 21 mai 2003 et ne présente aucun danger pour les citoyens. Les frères Idir sont les propriétaires légitimes de ce bien acquis dans le cadre de la cession des biens de l'Etat. Il est en activité depuis 1968. Ils ajoutent qu'une lettre de la DTPWA confirme que cette bâtisse est située « hors du périmètre » du projet de l'aménagement de la place du 1er Mai. Nos interlocuteurs précisent qu'ils ont introduit une autorisation de revêtement de façade, mais aucune suite n'a été donnée. « Nous avons déposé, au mois de juin 2004, un dossier pour la réalisation d'un immeuble administratif en R+6 avec un parking souterrain. Mais jusqu'à présent, nous n'avons pas obtenu de permis de construire et nous ne savons pas quelles sont les raisons de ce refus », ajoutent-ils. Nos interlocuteurs affirment avoir déboursé plus 169 millions de centimes pour différentes études (étude de sol, étude d'architecture, etc.). « Nous étions de bonne foi pour démolir notre bâtisse parce que nous sommes conscients que c'est une vieille construction, mais à condition de construire, et nous avions proposé un projet ambitieux », ajoutent-ils, en insistant qu'« aucune compensation financière n'a été proposée par la wilaya en contrepartie de cette démolition ». A ce sujet, le maire de Sidi M'hamed attestera que la délivrance des autorisations de construire fait suite à une étude minutieuse du projet qui devra prendre en charge le plan d'occupation des sols (POS) de la commune. Une action en référé a été introduite, hier, par les frères Idir et « une décision de surseoir à l'exécution a été envoyée ce matin (hier, ndlr) à l'Apc, à la wilaya déléguée de Sidi M'hamed et à la wilaya d'Alger par voie d'huissier de justice ». De toutes les manières, une réunion avec le wali délégué de Sidi M'hamed est prévue pour samedi prochain.