La place de la Liberté de la presse, située à la rue Hassiba Ben Bouali, n'est plus ce qu'elle était. Cela fait plus de trois mois qu'elle a perdu de son esthétique et de son charme alors que les 112 noms de journalistes assassinés par les terroristes sont toujours inscrits sur la stèle commémorative, au milieu des décombres. Désolant décor pour la mémoire de nos confrères qui l'ont payé de leur vie, laissant femmes et enfants pour la liberté de la pensée. Cette place, bastion de la contestation pour la liberté de la presse et qui regroupait, à chaque fois que l'occasion se présente, des dizaines de professionnels de la presse aussi bien publique que privée, a fait l'objet, en juillet dernier, d'une opération de saccage, d'un massacre, bref d'une démolition pure et dure. La déviation « temporaire », initiée par la DTPWA à l'occasion du lancement des travaux de la trémie de Maurétania, était d'une durée de vie limitée. Elle sera, contre toute attente, maintenue pour cause de fluidité de la circulation routière au centre-ville d'Alger, plus précisément au niveau de l'axe reliant la place du 1er Mai à la rue Hassiba Ben Bouali. Cette route constitue désormais l'unique passage pour relier la place du 1er Mai, la rue Hassiba Ben Bouali à la gare Agha et à l'avenue de l'ALN. Est-il important de souligner que, les journalistes des différents titres de la presse publique et privée, les familles des journalistes assassinés par les terroristes ainsi que le simple citoyen n'ont pas été avisés ni consultés. Pis encore. Aucune pancarte de chantier n'a été installée. D'ailleurs, la corporation des journalistes et l'Association des familles des journalistes assassinés par les terroristes (AFJAT) n'ont jamais été consultés à l'occasion de l'accaparement par les pouvoirs locaux de cette placette pour les besoins d'organisation de foires, de semaines économiques et autres braderies à vocation purement mercantile. Le grand projet de la réhabilitation de cette place, initié et financé par l'APC, était déjà fin prêt. D'un montant d'un milliard de centimes, ce projet portait sur la réalisation d'une nouvelle stèle commémorative, des bancs publics, un kiosque multiservices et d'un kiosque de fleuriste. Le montant des redevances devait être versé aux familles des 112 journalistes assassinés par les terroristes. Le Dr Amar Ghoul, ministre des Travaux publics, avait promis que la place de la Liberté de la presse sera « réhabilitée ». Elle sera, selon Ghoul, « plus belle que jamais ». En effet, avons-nous appris auprès du président de l'Apc de Sidi M'hamed, Mokhtar Bourouina, les travaux de réhabilitation de cette placette, confiés à l'Engoa, seront lancés incessamment. « Une séance de travail sera organisée entre les responsables de la DTPWA et les élus de l'Apc. Le projet sera totalement pris en charge par le département des travaux publics », ajoute notre interlocuteur. Contrairement à l'opération de démolition qui s'est déroulée en catimini, celle de réhabilitation devra être entamée en « accord » avec les premiers concernés, à savoir la corporation des journalistes, les familles des journalistes assassinés par les terroristes et les pouvoirs locaux, a tenu à préciser une source au niveau de la direction des travaux publics de la wilaya d'Alger. Les travaux, selon ce responsable, ne devraient pas dépasser les trois mois.