Des milliers de jeunes détenteurs de diplômes sont dans l'attente d'un boulot qui leur permettrait de construire leur avenir. A Dellys, dénicher un emploi permanent relève de l'exploit, sinon de l'impossible. A cause de la situation sécuritaire, des embûches bureautiques et de mauvaises intentions de certains acquéreurs de lots de terrain, la zone d'activité des Salines, destinée à créer des postes de travail permanent, n'arrive toujours pas à voir le jour. Les jeunes prétendants à un emploi n'ont d'autre choix que de remplir les cafés maures de la localité, pendant que les jeunes filles se bousculent, elles, devant le service social de l'APC dans l'espoir de décrocher un emploi dans le filet social. «J'ai accepté cette autre forme d'exploitation, pour ne pas dire d'esclavage, pour 3000 dinars/mois, juste pour ne pas rester cloîtrée à la maison», dira une bénéficiaire de l'IAIG, affectée dans un établissement de santé de la ville. Des deux unités économiques que renferme Dellys, aucune n'a pu reprendre ou poursuivre son activité initiale. L'unité de fabrication de chaussures (ex. EMAC) a été incendiée par des terroristes en décembre 1995, alors que l'unité de mise en boites de la sardine a mis les clés sous le paillasson pour des «raisons économiques». Aucune usine étatique n'existe plus actuellement au niveau de la commune de Dellys. Toujours dans le contexte économique pour la région, on sait que sur les 39 320 m2 de l'ex-Emac, 20 000 m2 sont réservés pour un projet de réalisation d'une gare routière ayant une capacité de un million de voyageurs/an. Néanmoins, ce projet est toujours au stade d'idée. En attendant du concret, les jeunes dellysiens s'efforcent à dénicher ailleurs que dans leur commune un hypothétique emploi, au risque de faire défaut au mode de vie familial traditionnel dans la région. D'où, souvent, l'éclatement prématuré des familles, non sans répercussion sur le développement local, puisque cela engendre une sorte de «fuite de compétences». «Tout universitaire de la région voulant réussir doit partir ailleurs pour faire ses preuves», répète-t-on ici.