Ambiance lourde dans la région de l'ouest de Tipaza au lendemain de l'embuscade qui a fait 14 militaires tués. Les habitants sont sous le choc. La zone est soumise à un intensif ratissage. Tipaza : De notre correspondant « Nous avons vraiment peur, nous déclare un groupe de citoyens de Beni Mileuk, on nous a fait croire qu'il n'y avait plus de terrorisme. Avec ce qui vient de se passer, juste en bas au milieu de la journée, nous replonge dans l'insécurité du début des années 1990 ». L'embuscade perpétrée, mercredi dernier, par un important groupe de terroristes appartenant à « katibate El Ahoual », une horde locale de criminels, vers midi, le long de la route menant de Damous à Beni Mileuk, a ébranlé les populations de cette région de l'extrême sud-ouest de la wilaya de Tipaza. Hier à partir de 10h, deux hélicoptères survolaient la zone et bombardaients des points suspects au milieu de la forêt, avant de quitter les lieux à midi. Les responsables des services de sécurité ont mis en place un dispositif impressionnant pour mener « à bien » l'opération de ratissage de grande envergure dans l'espoir de mettre hors d'état de nuire les terroristes. L'attaque, menée par les terroristes, faut-il le préciser, s'est déroulée à quelques dizaines de mètres du poste d'observation occupé par les éléments de la garde communale. « Un garde communal a pu voir l'assaut des terroristes à l'aide de ses jumelles », nous confie notre source qui veut garder l'anonymat. Le convoi militaire a été piégé par la rapidité de l'assaut. Le bilan final malheureusement fait état de 14 morts et de 7 blessés du côté des militaires. Les criminels, fortement armés, se sont emparés de quelques armes des éléments de l'ANP qui escortaient le retour de Damous du convoi militaire, chargé du ravitaillement du campement de l'ANP implanté à Boukejdi, au milieu des chaînes montagneuses, se trouvant au sud de la localité rurale de Beni Mileuk, une zone frontalière entre les wilayas de Chlef, Aïn Defla et Tipaza. Hier, les barrages des gendarmes et des militaires filtraient tous les véhicules, les fouillaient et procédaient à l'identification des passagers. « On a l'impression que nous vivons à Kaboul », nous a déclaré un habitant de Beni Mileuk. « Cet acte terroriste ignoble vient de nous replonger dans les années difficiles que nous avons cru révolues. Dorénavant, ce ne sera plus comme avant. Les terroristes ont réussi hélas leur coup, alors que les citoyens croyaient que la paix était revenue dans cette zone, faisant diminuer la vigilance ces dernières années, surtout avec la réalisation de plusieurs équipements publics. Nous avons franchement pensé que la page était tournée. Depuis mercredi dernier, nous sommes abasourdis et choqués. Je dirai même que le doute s'est installé », a conclu notre interlocuteur. Jeudi à 17h, une détonation a été entendue au sud de Beni Mileuk pas loin du douar de Tifssassine. « Il s'agit d'un tir d'un Hawn (mortier) », tenait à préciser un habitant du chef-lieu de la commune de Beni Mileuk. C'est un autre coup rude que vient de porter les hordes criminelles à l'ANP. L'institution militaire n'a jamais connu une aussi grosse perte dans ses rangs à Tipaza, comme cela vient d'avoir eu lieu à Beni Mileuk. Etrangement, Tipaza a enregistré, depuis moins de trois années, des pertes dans les rangs de l'ANP et ceux de la garde communale, en plus des armes récupérées par les terroristes durant ces opérations. Des fumées épaisses se dégageaient des montagnes de l'extrême sud-ouest de la wilaya de Tipaza.