C'était donc un poétique Singing in the rain» (chantons sous la pluie) version live. «Nous avions peur de ne pas jouer en raison de la pluie. Nous avions beaucoup de stress avant de monter sur scène. Mais, le public est resté. Cela nous a fait chaud au cœur de voir les gens attendre le concert et être patients», nous a expliqué Mouss à la fin du spectacle. Mouss (Mustapha), son frère Hakim au chant, Manu Vigourous et Serge Lopez à la guitare, Yannick Tournier à la basse, Jean-Luc Amestoy à l'accordéon, Julien Costa à la batterie et Rachid Benallaoua à la mandole ont instauré un véritable dialogue avec les présents. La musique est un mélange de pop, reggea, folk, raï, oriental… Les artistes ont repris des chansons de Slimane Azzem, Dahmane El Harrachi, Lounis Aït Menguellat ainsi que des chants catalans (le fameux Estaca qui s'attaquait au régime totalitaire de Franco). Ils ont aussi interprété des extraits de l'album Motivés, chant de lutte qu'ils avaient fait avec le groupe 100 % Collègues. «Nous avons aussi repris des chansons de l'album Origines contrôlées ainsi que ceux du groupe Zebda», nous a indiqué Mouss. Sorti en 2008, Origines contrôlées reprenait les chansons de l'immigration algérienne. Le public présent a complètement adhéré au célèbre Bella ciao , un chant populaire, entretenu par les ouvrières agricoles et immortalisé par les partisans italiens durant la Seconde Guerre mondiale. Il est évident que le registre de Mouss et Hakim déborde de protest songs. Les deux chanteurs font partie du groupe toulousain Zebda. Avec Vincent Sauvage, Magyd Cherfi et Rémi Sanchez, Mouss et Hakim ont fait la réputation de ce groupe multiculturel et contestataire. «Zebda sera bientôt de retour. Nous préparons un album qui va sortir l'automne 2011», a annoncé Mouss. La Tawa, le dernier album de Zebda, remonte à 2003. L'écrivain et musicien Magyd Cherfi est beaucoup impliqué dans ce nouvel opus. L'auteur de Livret de famille a sorti en 2009 l'album Pas en vivant avec son chien. «C'est dans le mouvement que mes verrous sautent. C'est à l'arrêt que tout bloque», écrit souvent Magyd Cherfi. La soirée de Mouss et Hakim au CCF s'est terminée avec la reprise d'une chanson de Mohamed Mazouni, «Adieu la France, bonjour l'Algérie. Fini souffrance, fini l'indifférence»…