La loi de finances complémentaire 2009 (LFC 2009) a édicté une série de mesures des plus impopulaires qui ne manqueront pas de susciter davantage de grogne et d'interrogations de la part des ménages et des patrons d'entreprise. Première surprise et pas des moindres : la LFC 2009 stipule clairement, dans son article 75, que « les banques ne sont autorisées à accorder des crédits aux particuliers que dans le cadre des crédits immobiliers ». Fini donc le crédit à la consommation et le crédit automobile accordés aux particuliers par les filiales des banques étrangères implantées en Algérie. Parmi les citoyens, l'incompréhension et la colère sont à leur comble. « Je pensais aller me procurer, à crédit, une voiture vers la fin d'année. Mais le gouvernement a réduit mon rêve en cendres. Que Dieu le maudisse ! », fulmine une dame, employée dans une entreprise privée. Avec un pouvoir d'achat qui ne cesse de s'éroder, les ménages algériens devront se rabattre sur le marché des voitures d'occasion. Là encore, il faut s'attendre ce que les prix flambent. A travers cette mesure et d'autres encore, le gouvernement prend également pour cible les concessionnaires automobiles : maintien de la taxe sur les véhicules neufs utilitaires décidée en 2008, institution d'une nouvelle taxe complémentaire sur les grosses cylindrées et enfin interdiction des crédits à la consommation. Dos au mur, les concessionnaires ne savent plus où donner la tête. « On sera ciblés bien évidemment. Avec cette mesure, les gens vont se rabattre sur le marché de l'occasion qui échappe au contrôle des pouvoirs publics », estime Noureddine Hassaim, directeur général de Toyota Algérie, en assimilant à demi-mot cette disposition à un facteur de blocage dans la commercialisation des véhicules. « Certains pays peuvent recourir au principe de réciprocité pour bloquer certains produits algériens », ajoute-t-il. M. Hassaim ne se fait pas d'illusion et s'attend à une forte réduction des ventes et du chiffre d'affaires de son entreprise. Même s'il écarte toute idée de licenciement de personnel, le DG de Toyota Algérie affirme que cette mesure aura « des répercussions négatives sur la création d'emploi et l'investissement ». Le gouvernement, de son côté, a à maintes reprises affiché sa volonté de maîtriser l'endettement des ménages et de réduire la facture des importations qui a atteint 35,5 milliards de dollars en 2008. Pris de court par les effets de la crise économique – baisse de 52% des recettes pétrolières pour le premier trimestre 2008 – le gouvernement n'a pas trouvé mieux que de solliciter le simple citoyen à abandonner ses rêves de disposer d'une voiture ou de s'offrir d'autres produits de consommation (électroménager) par le biais de crédits bancaires. Mais est-ce la bonne parade que d'interdire aux Algériens le recours aux crédits à la consommation ? M. Hassaim semble ne pas comprendre l'attitude du gouvernement. « C'est simple d'aller vers le concessionnaire. Nous payons nos charges fiscales. Mais il existe d'autres circuits qui usent l'économie », souligne-t-il, tout en faisant allusion au marché parallèle qui plombe l'économie nationale. Par ailleurs, la LFC 2009 stipule dans son article 69 que « les paiements des importations s'effectuent obligatoirement au moyen du seul crédit documentaire ». Le crédit documentaire est l'engagement pris par la banque de l'importateur de garantir à l'exportateur le paiement des marchandises. Utilisés jusque-là dans le paiement des opérations d'importation, le transfert libre et la remise documentaire seront caduques. Désormais, les sociétés importatrices de produits devront apporter une garantie financière importante du montant de la marchandise dès la commande et jusqu'à la réception de la marchandise. Des opérations qui peuvent durer plusieurs mois. Certains responsables d'entreprises de production craignent déjà que ces mesures ne soient fort gênantes pour l'accomplissement des opérations d'importation. Sur un autre plan, Il est également mentionné dans le texte de la LFC 2009 que « la réalisation d'opérations d'importation ne peut être effectuée au moyen de procuration ». Le titulaire du registre du commerce et le gérant de la société sont les seuls habilités à effectuer les opérations d'importation. Visiblement, le gouvernement veut réduire de façon drastique les importations, dont le volume en perpétuelle augmentation menace les réserves de change. Les effets de la crise économique mondiale se font de plus en plus resentir en Algérie !