Les quatre villages constituant la fraction des Ath Khlef semblent oubliés par le développement. C'est en tout cas ce que semblent penser les habitants d'El Korn, de Thaskenfouth, d'Ikhef Oussamer et d'Azrou non concernés, du moins pour l'heure, par le programme d'alimentation en gaz naturel. Ils voient avec tristesse les excavatrices se diriger vers les villages d'en face, rêvant de se trouver à la place « des gens heureux ». Ils se demandent si un jour, eux aussi, ils auront la chance de ranger leurs scies à bois et de remiser leurs bonbonnes de butane. Si le rêve est permis, sa réalisation ne dépend ni de leur volonté ni de leur souhait. « Lorsque nous avons lu sur les journaux que notre commune est alimentée en gaz naturel, nous avons alors espéré en profiter nous aussi, à l'instar des autres villages », nous confie un citoyen, dépité d'apprendre que pour le moment, « le gaz c'est pour les autres ». Il est en effet, dur d'accepter cette « discrimination ». « Tant que c'était toute la commune qui n'était pas alimentée, on ressentait moins la différence avec les autres régions. C'est maintenant qu'il (le gaz) est à nos portes qu'on se sent frustrés ». En effet, les canalisations sont arrivées à un kilomètre du premier village, sus-cité. Le gaz ne manque pas en Algérie. Des investissements de dizaines de milliards ont été consentis pour que les communes les plus reculées en bénéficient. Il est, effectivement, frustrant d'oublier quatre hameaux, seulement, sur les vingt-quatre que compte la commune. Aux dernières nouvelles, on nous apprend qu'une proposition vient d'être faite aux services concernés de la wilaya pour procéder à l'étude du projet d'alimentation des agglomérations restantes. En attendant, les habitants d'Aït Khlef peuvent se consoler de voir se résorber la tension sur le gaz butane et garder un secret espoir pour les années à venir. Ne dit-on pas que « l'espoir aussi fait vivre ? »