Une douzaine de villages de la commune de Aïn El Hammam attend l'arrivée du gaz naturel depuis des années. Ce n'est pas cette année que le gaz de ville entrera dans nos maisons», disent, désabusés, les villageois en montagne, laissés pour compte et oubliés du progrès. Même si les canalisations sont là, tout près de chez eux, après avoir «parcouru» des centaines de kilomètres, ils ne veulent plus croire à l'arrivée «imminente» de cette flamme tant attendue. Ils l'ont trop attendue. Utilisé comme discours électoral, le gaz naturel suscita, à une époque, l'espoir de la population de voir les maisons enfin chauffées à moindre coût. Et surtout sans avoir à s'embarrasser des stocks de mazout ou de butane qui viendraient à manquer en pleine neige. Malheureusement les promesses sont demeurées vaines, laissant en rade du développement toute une population désespérée de profiter un jour du confort qu'on leur a tant vanté. A Ain El Hammam, l'avancée des canalisations et des branchements de gaz naturel continuent à se faire à un rythme de tortue. Ce sont toujours les mêmes localités qui utiliseront le précieux combustible, cet hiver. Depuis l'inauguration de la station de détente, vers la fin de l'année 2008, qui a vu quelques maisons bénéficier de ce privilège, peu de progrès a été réalisé. A chaque fois qu'on s'inquiète de la situation, on nous parle de date butoir qui ne saurait être dépassée. Les entreprises retenues ne semblent pas pressées de terminer les travaux alors que la majeure partie de la commune les attend. Même dans les quatre ou cinq villages où les canalisations sont arrivées, de nombreux citoyens attendent toujours le raccordement de leurs habitations. Si, pour ceux-là l'espoir est permis, l'écrasante majorité de la population semble prendre son mal en patience et continue à faire face aux affres de l'hiver, comme au bon vieux temps. Ainsi, toute la partie Ouest de la commune, soit une douzaine de villages formant les ensembles des Ath Khlef et des Ath Amer Oussaid ne verra pas de si tôt «le gaz de village» tant promis, lors des dernières municipales, franchir le seuil de leurs portes. «Nous avons espéré que le calvaire que nous avons vécu durant l'hiver dernier serait relégué aux oubliettes et que nous n'aurons plus à souffrir du froid et à nous inquiéter des pénuries de fuel et de gaz. Je pensais profiter du «gaz du robinet» quelques temps avant de mourir», nous dit une vieille septuagénaire qui nous confie qu'elle ne se fait approvisionner en butane que grâce à l'amabilité des voisins. Depuis que le froid a fait son apparition, il y a quelques jours, les vieux réflexes de la population refont surface. Des forêts et des maquis environnants monte le vrombissement des scies à bois qui achèvent les chênes épargnés par les incendies. Les habitants ont appris à prendre leurs dispositions bien avant l'arrivée de la mauvaise saison. Les difficultés d'approvisionnement continuent de hanter leurs nuits, dès que la température commence à baisser ou que des chutes de neige sont annoncées par la météo. Ils ne sont pas prêts d'oublier que lors de la tempête de neige de février dernier, ils avaient organisé de véritables expéditions pour revenir au bout de trois jours, avec une bonbonne de gaz chacun. Finalement, le gaz naturel pour tous, promis pour l'hiver 2009, n'offre ses faveurs, pour le moment, qu'à quelques privilégiés, résidant près de la ville. Comme à chaque échéance électorale, les candidats aux prochaines élections ne manqueront pas de sillonner les villages, promettant encore une fois, l'arrivée sans délais du gaz naturel. Mais cette fois, il faudra trouver un autre discours. Notons que pour l'alimentation de Ain El Hammam en gaz de ville, l'Etat a consenti un investissement de 752 millions de dinars pour le transport et 174 millions de dinars pour la distribution.